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Les animaux « sentent-ils » la mort de leurs congénères ?

Une enquête réalisée auprès de 153 vétérinaires américains révèle que les chiens adoptent des comportements particuliers lors de l’euthanasie d’un de leurs congénères. Agitation, aboiements, silence… auraient-ils conscience que leur compagnon est mort ?

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Les animaux « sentent-ils » la mort de leurs congénères ?
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Le Journal of Veterinary Behaviour a publié, le 8 septembre dernier, des réflexions sur la perception par les animaux, lors d’une euthanasie, de la mort d’un de leurs congénères. L’étude a porté sur 153 vétérinaires pratiquant en Caroline du Sud interrogés sur l’existence éventuelle de ce phénomène, d’après leur expérience. 54 % d’entre eux ont rapporté qu’ils observaient « rarement, de temps en temps, souvent ou toujours » des réactions chez les animaux se trouvant proches du défunt, notamment des chiens qui exprimaient soit un silence soudain soit, au contraire, aboiements et agitation. Des événements inhabituels sont aussi parfois rapportés chez les chevaux qui peuvent présenter des modifications comportementales. Les raisons avancées par les vétérinaires pour expliquer ces réactions sont variées selon les individus : certains évoquent des modifications chimiques du corps lors de la mort, d’autres se disent persuadés que l’animal « se rend compte » du décès de son congénère, quelques autres évoquent une perception de l’émotion des humains présents au moment de l’euthanasie ou « le départ de l’âme » du disparu.

Pour Antoine Bouvresse, docteur vétérinaire à Rueil-Malmaison, « c’est loin d’être choquant d’imaginer qu’une partie des animaux puisse avoir une réaction notable à l’euthanasie d’un congénère », même s’il avoue ne pas souhaiter, en général, la présence du compagnon de l’animal à euthanasier. « C’est extrêmement rare qu’un maître souhaite la présence d’un compagnon de l’animal que l’on doit endormir pour des raisons de santé (il n’y a pas d’euthanasie de confort dans son cabinet, ndlr), raconte le praticien. Je ne l’encourage pas car je ne souhaite pas être parasité par une agitation dans ce moment délicat. »

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Mais quand cela se produit, Antoine Bouvresse a déjà été témoin de réactions que l’on peut expliquer par la mort de l’animal. « Je l’ai déjà noté mais pas suffisamment souvent pour pouvoir établir des statistiques, poursuit-il. Mais il est vrai qu’un chien peut avoir deux types de réactions : soit vouloir explorer, sentir le corps inanimé de son compagnon, soit adopter des comportements dirigés vers son maître comme pousser la main de son museau, aboyer, gémir ou essayer de monter sur ses genoux. » Pour le scientifique qu’il est, ce type de comportement est difficile à interpréter comme la conscience réelle de la mort de l’animal. « Aucune étude ne permet, à ce jour, de se prononcer sur cette conscience de la mort d’un congénère, explique-t-il. Les réactions des chiens sont souvent liées à un changement d’attitude du propriétaire et de l’animal euthanasié. Les Anglo-Saxons parlent de « strange situation », c’est-à-dire que l’animal réagit à une situation inhabituelle pour lui. Et un compagnon sans réaction, c’est inhabituel, parce qu’il devrait se réveiller et bouger. Peut-être aussi que les chiens, qui perçoivent mieux leur environnement que nous, décèlent des changements d’odeurs car lors d’une euthanasie, les sphincters se relâchent et un peu de pipi ou de caca peut s’échapper du corps de l’animal. »

Associée au changement de comportement du maître, cette nouvelle situation crée alors un stress chez l’animal témoin. « Ce qui est sûr, poursuit le vétérinaire, c’est que le chien absorbe les émotions de son maître. On parle de contagion émotionnelle. Il ressent la tristesse et répond à cela en venant au contact, en cherchant le réconfort ou en aboyant. Mais dire qu’il a conscience du deuil de son maître, ça, non. À ce jour, rien ne permet de le dire. »

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