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Bruxelles : une cinquantaine de lapins en colère

Des militants de l’association Compassion in World Farming (CIWF) déguisés en lapins ont manifesté leur mécontentement au Conseil de l’Union européenne, à Bruxelles, concernant les conditions de vie dans les élevages de lagomorphes destinés à finir dans nos assiettes. Présente le 17 mai dernier, Aurélia Greff, porte-parole du CIWF, donne son éclairage sur ce combat.

Bruxelles : une cinquantaine de lapins en colère
CIWF

30 MA : Comment s’est déroulée concrètement la manifestation ?

Aurélia Greff : Nous avons généralement une image décalée des lapins, ceux montrés dans les dessins animés, les bandes dessinées, ceux de notre imaginaire et la réalité. Nous avons decidé, d’une part, d’être accompagnés à Bruxelles par une cinquantaine de lapins géants et, d’autre part, de remettre une pétition qui a recueilli 600 000 signatures demandant la fin des élevages de lapins en cage, sous forme de bande dessinée. En effet, de nombreux artistes d’Europe, dont Lewis Trondheim, Anita Jeram, Troubs… ont soutenu cette campagne en offrant des dessins que nous avons assemblés au sein d’un recueil expliquant l’objectif de cette campagne.

30 MA : Quelles sont aujourd’hui les conditions de vie des lapins dans les élevages français et européens ?

A. G. : Plus de 99 % des lapins sont élevés en cage en Europe et en France. Les lapins pour l’engraissement sont gardés en groupe avec pour surface de vie entre 450 et 600 cm2 chacun, soit l’équivalent de la surface d’une feuille A4. Les cages sont trop petites pour leur permettre de bondir, de s’allonger de tout leur long, de se dresser, de creuser ou de se cacher. Les lapines et lapins reproducteurs sont gardés dans des cages individuelles toute leur vie. Ils souffrent de blessures aux pattes dues au grillage métallique et sont privés d’interactions sociales. Les taux de mortalité sont très élevés en raison des maladies, et les antibiotiques sont utilisés de manière systématique et en forte quantité. Il existe pourtant des systèmes alternatifs qui comprennent un libre parcours en plein air ou des systèmes de parcs en bâtiment.

30 MA : Quelles sont les conditions de vie que doit offrir la filière biologique ?

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A. G. : En France, la production biologique de lapins se limite à une douzaine d’exploitations et la production en Label rouge est très marginale (moins de 1 % des ventes). Les lapins biologiques sont élevés en plein air dans de vastes enclos ou dans des enclos sur herbe mobiles, tandis qu’en Italie, les normes biologiques n’exigent pas l’accès au plein air et autorisent toujours la production en cage. Le Règlement (CE) n° 889/2008 de la Commission stipule que, dans les systèmes biologiques, les herbivores doivent avoir accès au pâturage pour brouter lorsque les conditions le permettent.

30 MA : Quels sont les besoins naturels des lapins pour vivre bien le temps de leur passage dans la structure d’élevage ? 

A. G. : Les lapins sont des animaux sociaux qui, dans des conditions naturelles, vivent en groupe, creusent des terriers pour se cacher et élever leurs petits. Ils aiment courir et bondir – leurs bonds pouvant atteindre jusqu’à 1 m de hauteur. Ils ont aussi besoin de matériaux à ronger pour limer leurs dents, comme des arbustes ou des buissons. L’élevage industriel les confine dans de petites cages sans aménagement, alors que les systèmes alternatifs existent et peuvent permettre aux lapins de bondir, de se dresser, de ronger…

30 MA : Qu’attendez-vous concrètement après la remise de cette pétition ? 

A. G. : Le Parlement européen écoute déjà notre demande – grâce au succès de cette pétition. Le député européen Stefan Eck va rédiger un rapport dans les mois à venir, demandant à la Commission européenne d’élaborer une législation sur le bien-être des lapins. Ce rapport sera discuté au sein de la commission Agriculture du Parlement européen, probablement en septembre, puis soumis au vote de l’ensemble des députés fin 2016 ou début 2017. C’est un signal très fort qui sera ainsi envoyé à la Commission européenne pour lui demander de travailler à une législation spécifique sur le bien-être des lapins. Le seul pays européen, à ce jour, à avoir interdit l’élevage de lapins en cage est la Belgique, en 2014. Suivons son exemple.

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