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Braconnage : Bougrain-Dubourg dénonce “un laxisme inacceptable”

Le 7 avril dernier, un braconnier a été condamné par le tribunal correctionnel de Perpignan à 15 jours de prison ferme et 2 000 euros d’amende pour avoir capturé à la glu des chardonnerets élégants, oiseaux protégés appartenant à l’ordre des passereaux. Il a également dû verser 1 000 euros à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Un cas de condamnation encore extrêmement rare, malgré les lois encadrant les pratiques de la chasse. Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, nous explique pourquoi.

Braconnage : Bougrain-Dubourg dénonce “un laxisme inacceptable”
Soru Epotok/Shutterstock

30 MA : Que pensez-vous de la condamnation récente d’un braconnier de passereaux à 15 jours de prison ferme et 2 000 euros d’amende ?

Allain Bougrain-Dubourg : C’est exceptionnel. D’habitude, les plaintes sont classées ou la personne est condamnée à 1 euro symbolique. Les sanctions dépendent vraiment de la magistrature mais elles sont souvent extrêmement légères. Donc c’est vraiment encourageant de voir une sanction sévère, ce qui est normal finalement.

30 MA : Pourtant, le braconnage des espèces d’oiseaux protégées est interdit par le code de l’environnement et l’arrêté ministériel du 29 octobre 2009…

A.B-D : Les lois interdisent le braconnage de certaines espèces mais il y a un laxisme inacceptable. Je connais beaucoup de gardes de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui sont scandalisés parce qu’on leur dit de ne pas intervenir, des ordres qui viennent de l’État ! Lors de la chasse au gibier d’eau, le ministre a demandé à ce qu’on ne verbalise pas les braconniers avant le 7 février. Mais la chasse s’est terminée le 31 janvier. C’est n’importe quoi ! Nous avons lancé une pétition, en 2015, contre le braconnage des passereaux et la chasse à la glu et nous avons obtenu plus de 320 000 signatures. La pétition est maintenant entre les mains de la députée Geneviève Gaillard, membre de la commission du développement durable. 

30 MA : Combien d’oiseaux protégés seraient tués chaque année en France ?

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A.B-D : C’est difficile à évaluer précisément mais on estime que les pinsons, par exemple, représentent plus de 40 000 oiseaux tués en quelques semaines, et les ortolans 30 000. Il y a également tous les oiseaux traqués à la glu. Donc ils seraient facilement plus de 100 000 tués chaque année…

30 MA : Quels sont les passereaux les plus touchés par le braconnage ?

A.B-D : Ce sont souvent les oiseaux chanteurs ou « comestibles » qui sont capturés. Il s’agit de chardonnerets élégants, pinsons, ortolans, verdiers, serins cini… Les ortolans et pinsons sont chassés pour leur viande. Les verdiers et serins cini sont capturés pour leurs capacités de chant avant d’être vendus comme oiseaux en cage. Cette année, dans les Landes, j’ai constaté un grand nombre de cadavres de chardonnerets autour des pièges… Du jamais-vu ! Les chardonnerets pris dans les pièges destinés aux ortolans sont maintenant tués sur place, faute d’être comestibles. Les braconniers s’en débarrassent en les écrasant pour qu’ils ne reviennent pas déclencher les matoles (pièges à oiseaux sous forme de cages) destinées aux ortolans…

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