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Coronavirus : les bénévoles peuvent encore aider les refuges

Depuis mardi 17 mars à midi, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, les Français sont confinés chez eux et ne peuvent se déplacer que sur dérogation. Pour les refuges, qui font beaucoup appel à eux pour soigner et nourrir les animaux, des inquiétudes surgissent. Dans quelles conditions peuvent-ils les faire venir ?

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Coronavirus : les bénévoles peuvent encore aider les refuges

Pas de télétravail possible dans les refuges animaliers ! Chiens et chats doivent être nourris et soignés chaque jour, sur place, par des hommes et des femmes qui devront, pour cela, quitter leur domicile. Et qui sont, pour l’immense majorité d’entre eux, des bénévoles.

On le sait tous, les bénévoles sont la force vive des refuges. C’est encore plus vrai pour les petites structures qui ne disposent pas (ou peu) de salariés.  Or, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le vide juridique est total en ce qui concerne le droit ou non de se rendre au refuge en tant que bénévole. Les responsables d’associations, légitimement inquiets, sont donc tous confrontés à la même problématique. Mais parce qu’ils n’ont pas le choix, et qu’il n’est pas question de laisser les animaux sans soins, ils trouvent dans l’urgence des solutions !

« Sans les bénévoles, ce serait impossible »

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C’est le cas de Stéphanie Slusarek, présidente du refuge de Montgeron « Animaux sans foyer », dans l’Essonne, qui n’a plus quitté son téléphone depuis hier soir, après l’annonce du président Macron : « Ici, nous avons une trentaine de chiens et lapins, et on ne fonctionne qu’avec des bénévoles. Sans eux, ce serait impossible. Une dizaine sont des bénévoles réguliers et, dès hier soir, les plus fidèles d’entre eux ont échangé coups de fil, SMS, etc., pour savoir comment s’organiser. Il faut avouer que c’était un peu la panique ! Surtout après l’annonce de Christophe Castaner vers 22 heures 30, plus ferme que celle d’Emmanuel Macron. »

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À part quelques-uns qui ont appelé pour prévenir qu’ils ne viendraient pas, « ou qui n’ont pas appelé du tout, pour certains, alors qu’ils étaient inscrits sur le planning », déplore Stéphanie, la plupart des bénévoles du refuge de Montgeron ont répondu présent. Afin de ne pas mettre ses bénévoles dans une situation passible de sanction (une amende de 38 euros a été annoncée), et de ne pas être elle-même « hors la loi », la présidente s’est démenée toute la matinée du 17 mars pour joindre les autorités compétentes : non pas son ministère de tutelle, celui de l’Agriculture (injoignable de toute façon, comme nous avons pu également le constater), mais celles de son département. Objectif ? Savoir si ses bénévoles auraient le droit de venir au refuge… mais aussi quelle case ils devraient cocher sur la fameuse « attestation de déplacement dérogatoire » mise en ligne par le gouvernement !

Non pas une, mais deux attestations

« J’ai pu joindre notamment le maire, le directeur de cabinet du président du conseil départemental de l’Essonne, et aussi le commissaire de police de Montgeron, explique-t-elle. Et j’ai eu l’aval de tout le monde. Le commissaire Patrick Bourdon, qui dépend donc du ministère de l’Intérieur et qui aime énormément les animaux, m’a rassurée. J’ai eu la confirmation écrite que les bénévoles auraient le droit de se déplacer pour venir au refuge. À condition de se munir de deux attestations, et non pas une seule, à montrer en cas de contrôle de police : la première, une attestation signée de la main du président du refuge, qui confirme avoir besoin de leur présence pour soigner les animaux ; je l’ai donc rédigée dès mardi matin, j’en ai imprimé une par bénévole (du moins pour tous mes bénévoles sérieux et engagés, car je ne veux pas en faire pour n’importe qui) ; la seconde, l’attestation officielle de déplacement dérogatoire du gouvernement, que le bénévole remplit lui-même en cochant la case adéquate. »

Le casse-tête des cases

En ce qui concerne les cases, avouons-le, c’est encore le grand flou artistique ! Car aucune ne correspond parfaitement à la situation des bénévoles de refuge : « Ils n’ont pas pensé à nous en la rédigeant, remarque Stéphanie Slusarek. Mais les autorités m’ont conseillé de faire cocher plutôt la première case, celle qui indique « déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle, lorsqu’ils sont indispensables à l’exercice d’activités ne pouvant être organisées sous forme de télétravail (sur justificatif permanent) ou déplacements professionnels ne pouvant être différés ». Le bénévolat n’est pas vraiment une activité professionnelle, mais si l’on considère que c’est tout de même du travail – non rémunéré, certes – c’est la case la plus proche de la vérité. Et l’attestation que je leur fournis, qui prouve l’impossibilité du télétravail, correspond au « justificatif permanent » demandé.»

De nombreux bénévoles auraient tendance à vouloir cocher la dernière case, celle qui indique « déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, et aux besoins des animaux de compagnie. » Certes, on peut considérer que les animaux abandonnés sont des animaux domestiques ayant des besoins. Mais pour le reste, c’est discutable : « Mes bénévoles ne font pas des déplacements brefs ! souligne Stéphanie. Ils viennent pour plusieurs heures, une demi-journée, parfois une journée entière. Et le refuge n’est pas forcément à proximité de leur domicile… »

Comment venir au refuge ?

Reste à définir le moyen de venir au refuge. « J’ai une bénévole qui habite assez loin, et qui ne veut plus prendre le train, explique la présidente. Pour lui permettre de venir, on a suggéré la mise en place d’un covoiturage qui respectera les mesures de précaution sanitaire : ainsi, deux bénévoles pourraient venir dans une seule voiture, à condition que la passagère se mette à l’arrière, à un mètre du conducteur. Et moi, je n’hésiterai pas à passer chercher un bénévole si besoin. »

Des activités adaptées aux mesures gouvernementales

Si les bénévoles peuvent venir au refuge, leurs activités doivent leur garantir bénévoles la sécurité sanitaire préconisée par le plan du gouvernement.

Shutterstok. Les distances doivent être respectées entre les bénévoles afin de ne pas favoriser la propagation du virus. Un soigneur par box est accepté.

Stéphanie Slusarek applique donc les mesures exigées sur tout le territoire. « J’ai affiché en gros, et en rouge, les mesures de sécurité sanitaire à respecter. Et notamment la distanciation pour éviter la contamination. »

Pas de promiscuité donc, ce qui interdit notamment de rentrer à deux dans un même box ; de promener les chiens en laisse à plusieurs bénévoles, comme cela pouvait se faire avant. Cela induit aussi de respecter, dans toutes les tâches (nourrissage, nettoyage…) les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale (1 mètre minimum, pas de serrage de mains ni d’embrassade à l’arrivée, etc.) ; de se laver les mains dès qu’on arrive au refuge, mais aussi entre deux sorties de box et entre deux tâches effectuées.

Shutterstock. Les animaux des refuges ont besoin que les bénévoles puissent leur apporter soins et nourriture, mais aussi le contact humain nécessaire à leur bien-être.

ESSENTIEL : LE  LAVAGE DES MAINS

« Cela ne change pas vraiment d’avant, car j’étais déjà drastique sur ce point, précise Stéphanie. Ici, au refuge, on a tous les mains crevassées tellement on se les lave ! Mais je suis allée encore plus loin   j’ai mis en place un bipeur qui sonne régulièrement pour rappeler aux étourdis d’aller se laver les mains. J’ai certains bénévoles qui n’ont pas le réflexe, alors le bipeur est là pour leur faire prendre conscience que c’est non négociable ».

Enfin, Stéphanie a la chance de disposer encore d’un gros stock de masques et de gants en latex pour ses bénévoles : « Je ne les y oblige pas, mais je leur propose. » Et la présidente de conclure : « Bien sûr, la situation est compliquée. Dès hier, j’ai eu des appels de demande d’abandon pour cause de coronavirus ! Et si on ne peut plus placer d’animaux… Mais bon, je garde confiance, justement grâce à mes bénévoles les plus fidèles. Je suis très fière d’eux, car ils sont très investis, ils veulent vraiment aider les animaux, et aider le refuge à tenir. »

En revanche, en tant que présidente, elle ne fera aucun reproche à ceux qui ne veulent plus venir : « Ils sont bénévoles, et c’est leur droit le plus strict. Je leur demande juste de me prévenir, parce que depuis les annonces de lundi soir, on a dû réorganiser tout le planning qui est désormais à géométrie variable, et je ne sais pas comment on va finir la semaine ! »

À lire aussi : La vie en refuge nuit-elle à l’adoption ?

Téléchargez l’attestation de déplacement dérogatoire à l’adresse suivante :

https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R55781

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