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Un alien au parc zoologique de Paris ?

Une nouvelle espèce vient tout juste de faire son entrée dans la biozone Europe du parc zoologique de Paris : le blob. Est-ce un animal ? Un végétal ? Un champignon ? Aucune de ces trois propositions ! Animaux-Online vous emmène à la découverte de cet être vivant qui reste encore un mystère pour la science…

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Un alien au parc zoologique de Paris ?
F-G Grandin MNHN

Apparu sur Terre il y a un milliard d’années, le Physarum polycephalum (nom scientifique du blob) n’a été officiellement nommé par l’homme qu’au XIX siècle. Le regain d’intérêt pour cette espèce est survenu en 1973, lorsqu’un blob « indestructible » et à croissance exponentielle a été découvert dans un jardin texan. Il vit dans les sous-bois humides et sombres et se nourrit de bactéries, de levures, de moisissures et de petits champignons.

F-G Grandin MNHN. Dans la nature, le blob se développe dans les sous-bois sombres et humides

Cette espèce unicellulaire est restée longtemps dans la classification des champignons. Cependant, à force d’études, le blob se retrouve aujourd’hui dans la catégorie des myxomycètes, soit l’embranchement de l’arbre du vivant regroupant les organismes unicellulaires pouvant s’assembler en une cellule à plusieurs noyaux. Ainsi, un blob correspond à une grosse cellule. Il peut être coupé en morceaux qui deviendront des blobs individuels identiques et pourront même fusionner à nouveau. Par ailleurs, cet être vivant semble totalement immortel. Bien qu’il craigne la lumière, la sécheresse et le manque de nourriture, il lui suffit de se mettre dans un état « d’hibernation » dont il émergera lorsque les conditions redeviendront favorables à son développement (et à l’aide d’un peu d’eau).

Classification présentée dans la blobzone du parc zoologique de Paris

UN ÊTRE DOUÉ D’INTELLIGENCE ?

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« Le parc zoologique de Paris est le premier zoo au monde à présenter le blob au public ! Beauval a eu des pandas, mais nous, on a un blob ! » se félicite avec humour Bruno David, le président du Muséum national d’histoire naturelle. Cela a pu être réalisé grâce à un partenariat entre le Muséum et le Centre national de la recherche scientifique (CNCRS) et plus particulièrement à Audrey Dussutour, éthologue et spécialiste du blob. Si Bruno David semble si enjoué de présenter une sorte de toile orangée sur un bout de bois, ce n’est pas pour rien ! Le blob se déplace, mange, met en place des stratégies, résout des problèmes, possède des capacités différentes en fonction des « individus », peut transmettre des informations à un autre blob, fait preuve d’une certaine mémoire de son environnement… Pourtant, il ne possède pas de cerveau, ni de bouche ou de pieds. C’est un être complexe donnant du fil à retordre à nos scientifiques et les faisant se questionner sur les véritables définitions de la vie et de l’intelligence.

Autre caractéristique incroyable, le blob possède plus de 700 sexes différents. Pour se reproduire, il se recroqueville sur lui-même et fait pousser des petites boules par lesquelles il diffusera ses spores, comme pourrait le faire un champignon.

UN BLOB, UN PAYS

Qu’il vienne d’Australie, d’Europe, d’Amérique ou encore du Japon, le blob voit ses caractéristiques varier en fonction de son pays d’origine. Ainsi, le blob japonais est le plus rapide pour aller chercher sa nourriture mais, de ce fait, il prend des risques et peut se tromper de chemin. L’Australien, lui, explore davantage son environnement avant de se lancer dans une direction. « On a lutté pendant des années pour faire accepter l’idée que les chimpanzés ont des cultures différentes, mais, là, faire accepter que cette « chose » se comporte différemment selon les souches et les pays, ça va être très difficile ! Est-ce que c’est de la culture, est-ce que c’est de la personnalité ? Même avec la terminologie, il faut y aller délicatement », explique Lucas Morino, responsable (curateur) du blob et surtout primatologue et éthologue au parc zoologique.

LEURS SOIGNEURS ? LES JARDINIERS !

N’étant ni un animal, ni un végétal, qui s’en occupe, alors ? Un compromis a été trouvé. Pour leur plus grand bonheur, ce sont les jardiniers du parc qui ont été désignés pour prendre soin de cette masse informe et jaunâtre, sous la direction du primatologue Lucas Morino.

Au début, le blob (ramené du CNRS) est placé dans une boîte où il est nourri avec des flocons d’avoine, et plus exactement avec ce qui se trouve dessus (moisissures, levures, bactéries…). Une fois que la boîte est pleine, le jardinier va en prélever un morceau et le placer dans un terrarium. L’objectif est qu’il « s’agrippe » à son nouveau milieu, comme on peut le voir sur les images suivantes.

F-G Grandin MNHN. Le blob se nourrit de ce qu’il trouve sur les flocons d’avoine

Jade Boches. Le blob est cultivé dans des boîtes, puis des petits morceaux sont coupés.

Jade Boches. Le « bout » de blob est ensuite placé dans un terrarium copiant son milieu de vie naturelet dans lequel il va pouvoir se développer.

Pour Frédéric Geoffriau, l’un des jardiniers, une véritable passion est née. Venir tous les matins sans savoir quelle taille fera son blob, ni même quel chemin il aura fait pendant la nuit est son nouveau petit plaisir. Si bien qu’il a décidé d’en faire pousser chez lui, où il teste leurs goûts en leur proposant différentes nourritures. C’est comme cela qu’il a découvert que ses petits protégés raffolaient des lentilles. « Je pense que quand les enfants vont venir voir la blobzone, ils vont tous vouloir en avoir un chez eux. C’est plus sympa qu’un poisson rouge ! Le poisson tourne dans son bocal alors qu’un blob, lui, fait tout ce qu’il veut », s’extasie le jardinier. Désormais, lorsqu’il va à la cueillette des champignons, tous les dimanches matin, Frédéric regarde en même temps si un blob n’aurait pas pris racine dans le coin. À votre prochaine sortie en forêt, ouvrez l’œil ! Qui sait, peut-être arriverez-vous à distinguer cet organisme voilé de mystères…

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