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Ecolo mais pas trop : quand le chant du coq dérange les urbains

Un coq trop matinal, des canards et des grenouilles priés de baisser d’un ton… Les affaires de bruits de campagne qui alimentent les médias révèlent-elles une difficile cohabitation entre ruraux et nouveaux venus ? Jean-Louis Yengué, géographe en charge du laboratoire Ruralités à l’université de Poitiers, nous éclaire sur ces problématiques.
– avec AFP –

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Ecolo mais pas trop : quand le chant du coq dérange les urbains
Shutterstock

Dernièrement, les plaintes contre les bruits de la campagne se sont multipliées. Meuglement des vaches, tintement des cloches, chant des cigales… Certaines affaires se règlent même au tribunal, illustrant alors de violentes mésententes entre le voisinage. C’est le cas du célèbre coq Maurice dont le cocorico horripile les nouveaux voisins sur l’Ile d’Oléron, de même pour le croassement des grenouilles de Grignols et du caquètement de canards landais. Les jugements pour ces différentes affaires sont attendus dans les semaines à venir.

Suite à ces affaires le maire du petit village de Gajac en Gironde a proposé de faire classer ces bruits au patrimoine national et fondé l'association L'Echo de nos campagnes, pour "protéger notre monde rural et nos traditions".

Pourtant, le bruit ce n’est pas ce qui manque en ville ! Alors pourquoi les sons de la campagne provoquent-ils cette aversion chez ces personnes ? Sommes-nous vraiment capable d’un retour à la campagne ? Pour le géographe Jean-Louis Yengué, ces querelles restent à la marge et sont symptomatiques d’une évolution rapide des espaces ruraux pouvant s’accompagner d' »incompréhensions » voire de déceptions.

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Comment expliquer cette tension autour des bruits en zone rurale ?

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Jean-Louis Yengué : Ces affaires sont à mettre en perspective avec l’évolution rapide et récente des espaces ruraux. Si la campagne reste encore fortement occupée dans l’espace par l’agriculture, elle n’y est plus seulement dédiée. D’autres usages se superposent dans un même lieu : une fonction environnementale, une fonction de loisirs, mais aussi une fonction résidentielle. Plus qu’ailleurs, il y a à la campagne, des groupes qui doivent composer ensemble. De fait, de plus en plus de personnes vont dans les espaces ruraux, non pas pour y pratiquer l’agriculture, mais pour y vivre. Et cette diversité de fonctions va entraîner des intérêts différents, sur un même espace, voire des crispations. Ces tensions peuvent survenir entre ruraux et néo-ruraux, mais aussi entre nouveaux habitants entre eux.  Chacun essaie de défendre son territoire! Ces intérêts divergents sont exacerbés en milieu rural en raison de son évolution rapide et récente.

Ces crispations sont-elles aussi liées à une certaine idéalisation de la campagne ?

J-L. Y. : Si certains vont s’adapter à la vie rurale, d’autres recherchent le calme et les espaces verts, en tout cas, une projection de ce qu’ils n’ont pas en ville. Mais le calme et la naturalité ne sont pas le propre de la campagne! L’espace rural est truffé de bruits, comme en ville. Pendant la période des moissons, il peut arriver que la moissonneuse-batteuse passe la nuit !

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Ces conflits sont-ils devenus fréquents ?

J-L. Y. : De temps en temps, il y a des crispations et des mésententes, de temps en temps, cela fait les choux gras des médias. Mais l’idée qu’il y aurait un clivage ancré entre ruraux et habitants, je ne le vois pas. Dans la plupart des cas, les urbains qui arrivent à la campagne sont les bienvenus, la cohabitation se passe dans de très bonnes conditions. On assiste d’ailleurs plutôt à un rapprochement entre les mondes urbain et rural : d’un côté, la campagne n’est plus seulement agricole, et de l’autre, l’agriculture s’implante aussi en ville. Ces affaires médiatiques relèvent avant tout de problèmes de voisinage, comme ceux que l’on retrouve en ville. Le coq, les canards, les cigales, c’est la partie visible de ces conflits, mais ce n’est pas ceux-là que je vois le plus dans mes travaux. L’un des conflits récurrents que l’on observe en zone rurale, c’est tout ce qui tourne autour de l’utilisation des pesticides.

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Publié le 4 septembre 2019
3 minutes
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