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Joy, chien prodige

Rien ne prédestinait Joy à entrer sur la scène de « La France a un incroyable talent » aux côtés d’Emma. Rien si ce n’est le lien hors du commun que la jeune chienne, berger australien, a noué avec sa maîtresse que l’épilepsie tenait éloignée du monde.

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Joy, chien prodige
Arnaud Beinat

Si Emma est aujourd’hui une jeune fille de tout juste 16 ans, rayonnante et pleine de vie, cela n’a pas toujours été le cas. « Avant que Joy n’entre dans ma vie, je vivais une période très sombre », raconte-t-elle timidement. Ma maman était en dépression ce qui est quelque chose de violent pour un enfant… J’étais seule, je devais m’occuper de ma sœur, mon papa travaillait, ma mère était hospitalisée et je suis tombée dans l’anorexie ». A cela s’ajoute une maladie génétique : l’épilepsie. Les médicaments que prend l’adolescente sont si puissants qu’elle doit régulièrement en changer ou augmenter les doses, ce qui entraîne de vifs effets secondaires. « Pleurs, agressivité, idées noires… Je ne voulais plus voir personne, ni aller en cours ». La joie est de nouveau entrée dans son quotidien il y a seulement 2 ans, sous le nom de Joy, son berger australien.

La rencontre, une évidence

« Joy est entrée dans ma vie spontanément, ce n’était absolument pas prévu ». Ses parents avaient déjà une chienne et étaient opposés à l’adoption d’un nouveau chien pour Emma, âgée de 14 ans à l’époque. C’est lors d’un stage chez une éleveuse que le coup de foudre s’est produit, à la surprise de la première concernée ! « Je ne suis pas du genre à craquer sur des chiots de deux semaines, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai eu le coup de cœur ». La jeune fille n’a aucun doute, elle sait au plus profond d’elle que ce chien lui est destiné. Elle décide donc d’en parler sérieusement à ses parents, qui finissent par accepter. « Dans ma tête, je ne pouvais pas entrevoir l’idée de joie ou de bonheur… L’arrivée de cette chienne a été le début d’une nouvelle histoire et peut-être de mon début tout court, d’où « Joy » (qui signifie « joie » en anglais, NDLR). Ça correspondait tellement à ce que j’attendais et ça lui va si bien ! »

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La découverte d’un don

Immédiatement, la jeune Joy devient l’ombre d’Emma. Ce petit chiot ne quitte pas sa maîtresse d’une semelle, même pour dormir. Mais moins de 6 mois après son arrivée, l’adolescente constate que d’importantes crises d’épilepsie sont précédées par un comportement tout à fait étrange et inhabituel de  sa chienne. « Elle me tirait par la manche ou me grognait dessus, détaille-t-elle. Je ne reconnaissais pas mon chien et je me disais qu’il y avait un problème, que je faisais mal son éducation alors qu’en fait elle me prévenait de ce qui allait arriver ». Crise après crise, Emma comprend enfin que ça ne peut pas être une coïncidence et décide de commencer à perfectionner ce don. Pour cela, elle utilise les vêtements qu’elle a portés pendant une crise. «  Avant de les laver, je faisais un entraînement avec Joy, car ils avaient l’odeur de mon épilepsie, et ainsi on travaillait l’alerte. Si je le enfilais, elle devait réagir. Le but était qu’elle apprenne à me prévenir 15 minutes avant, au minimum ».

Son ange gardien

Aujourd’hui, Joy est capable de déceler à l’avance trois types de crises d’épilepsie. Il y a d’abord les crises générales, avec convulsions, qui sont les plus dangereuses. « Là, elle va me tirer par la manche, se rouler sur moi, grogner, on a l’impression qu’elle devient folle », décrit l’adolescente. Ainsi, entre 15 et 20 minutes avant, Joy s’efforce de mettre Emma dans un endroit plus calme, tourne autour des personnes qui se trouvent à proximité, vérifie bien qu’elle se couche, puis met ses pattes sur elle. « Cela me donne le temps de rentrer dans un magasin par exemple, de m’allonger, et de prévenir les personnes autour. Je leur demande de chronométrer 5 minutes. Passé ce délai, ils doivent m’administrer dans la bouche le médicament que je leur ai préalablement donné et appeler les secours, car mon pronostic vital peut être engagé ». Lors de la crise, Joy se met sous sa tête pour la protéger des chocs pendant les convulsions. « On voit que ça l’atteint vraiment », explique tendrement Emma en regardant sa chienne.

La jeune fille peut être sujette à des spasmes, tout en étant consciente. « Dans ce cas-là, Joy va me mordiller les doigts et monter sur mes genoux pour me recentrer sur ce que je fais. Je vais alors la regarder et me concentrer sur elle ». Ce point d’ancrage lui permet de se canaliser pour que les crises soient moins longues, mais pas seulement. « Ça me permet de me déconnecter du monde autour pour ne pas avoir honte, car c’est vrai que le regard des gens peut être très pesant », raconte-t-elle. Enfin, pour de « simples » absences, Joy lui lèche les mains et le visage. Passé 20 secondes, la chienne va se mettre à aboyer afin de prévenir les proches. « Les absences durent entre 5 et 20 secondes. On pourrait penser que ce n’est rien, mais si on est sur un scooter ou en voiture, 20 secondes c’est très dangereux ». Mis à part au lycée, qui a mis en place un PAI (projet d’accueil individualisé) afin que ses professeurs puissent l’aider, le duo reste inséparable.

Une complicité jusque sur la scène

Au départ, Emma se concentrait sur son travail d’assistance avec Joy. « Elle ne connaissait pas beaucoup de tours et je n’avais pas l’impression qu’elle était très motivée pour cet apprentissage ». Puis, un peu avant le premier anniversaire de Joy, l’adolescente a dû aller vivre chez ses grands-parents pendant un temps. Loin de sa maison, la jeune fille commence à s’ennuyer. Elle décide donc, un soir, d’essayer d’apprendre des tours à Joy. «Et elle en a maîtrisé trois en seulement 15 minutes ! J’ai donc pensé qu’il y avait quelque chose à creuser ». Moins d’un an plus tard, le couple est sur la scène de l’émission « La France à un incroyable talent ».

« Je ne m’attendais pas à participer, car je ne pensais pas avoir assez de talent. Je ne suis pas quelqu’un de très confiant », se souvient Emma. Pourtant, après qu’une vidéo a été envoyée à l’émission, la jeune fille est appelée pour passer le casting, avec succès. Elle accède donc, un mois plus tard, aux auditions filmées. « C’est à partir de là que j’ai pris confiance dans notre travail et que j’ai décidé d’arrêter d’écouter mes proches, amis comme famille, qui ne m’encourageaient pas ». L’émission est pour elle une aventure libératrice qui lui permet de faire passer un message et partager son histoire. « Je ne veux pas qu’on nous voie comme Joy « le chien exemplaire », mais comme des personnes qui ont osé, et qui ont porté le handicap fièrement ».

Il y a deux ans, jamais Emma n’aurait pu imaginer se produire devant des millions de téléspectateurs. « Avant, j’estimais ne pas avoir de personnalité, j’étais celle qui allait s’habiller avec un t-shirt blanc et un jean, pour se fondre dans la masse. Joy m’a permis de prendre de l’assurance, de m’exprimer, d’être beaucoup plus sociable et c’était ce qu’il y avait de plus important à montrer dans l’émissionGrâce à elle, mon handicap est devenu une force ».

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