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Les déficients visuels sont-ils formés pour accueillir un chien guide?

Lorsqu’on parle des chiens guides, on imagine immédiatement l’importante formation dont ils ont bénéficié pour devenir des anges gardiens hors pair. Mais il faut savoir que les personnes déficientes visuelles sont triées sur le volet et suivent également une formation complète les préparant à accueillir un être vivant dans leur quotidien.

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Les déficients visuels sont-ils formés pour accueillir un chien guide?
Chiens Guides de Paris

Obtenir un chien guide d’aveugle n’est pas une mince affaire et il est intéressant de voir le parcours des personnes qui en font la demande. Laurence Berthault, responsable du pôle « Suivi » à l’école des chiens guides de Paris, nous parle plus en détail de la prise en charge des personnes aveugles et malvoyantes.

Tout le monde ne peut pas avoir un chien guide

Lorsque la demande est faite, la personne va être évaluée (puis formée) pendant un an afin de savoir si elle présente les prérequis pour accueillir un chien :

  • Besoins de déplacements : « Un chien guide n’est pas un animal de compagnie à proprement parler. Il a besoin de sortir et de travailler. On ne confiera pas un chien à une personne qui sort juste pour aller acheter son pain », explique Laurence Berthault.
  • Santé physique, cognitive et psychologique : « Nous regardons la stabilité émotionnelle et la maturité de la personne, car il s’agit de devenir responsable d’un être vivant. Elle doit ainsi pouvoir répondre de ses droits et devoirs ».
  • La capacité à se situer dans l’espace : « Il faut que la personne sache exprimer à son chien ce qu’elle souhaite. Pour cela, elle doit savoir se repérer dans l’espace ». Si besoin, une formation en techniques de déplacement peut être dispensée par l’école.
  • Le cadre de vie : « Il faut que le cadre de vie soit compatible avec les besoins fondamentaux de l’animal car il passe 24 h sur 24 avec son maître. On ne confiera pas un chien à un jeune kinésithérapeute qui passe 15 h par jour à son cabinet, par exemple ».
  • La disponibilité : « Il faut que la personne puisse consacrer du temps à son animal pour qu’il joue et se balade. Il faut aussi qu’il soit prompt à l’aimer ». Ce dernier critère est particulièrement regardé dans le cadre d’un renouvellement de chien, car la personne est extrêmement triste d’avoir été séparée de son premier compagnon de vie.
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Lorsque tous ces paramètres ont été validés, l’école va ensuite s’efforcer de choisir le chien qui correspond le mieux au futur maître. « Par exemple, pour une petite mamie, on va lui confier un petit chien peu dynamique », explique Laurence Berthault. Former le couple idéal assure déjà 50 % du bien-être de l’animal, mais aussi du maître. « Les 50 % restants se font lors des 15 jours de formation à l’école. Cela se passe en internat car c’est la personne qui, en premier, se déplace chez le chien, et non l’inverse. C’est aussi dès les premiers jours que l’on se rend compte si le couple peut fonctionner ou non ». Pendant cette formation, le futur maître suit des cours théoriques et pratiques dans les domaines de la médecine vétérinaire, de la nutrition et de l’éthologie. Le formateur transmet alors tous les codes pour que la personne puisse communiquer avec son chien.

Chiens Guides de Paris. Lors de la formation, l’éducateur accompagne les déficients visuels sur le terrain

Le chien est suivi tout au long de sa vie

Le suivi se poursuit jusqu’à la fin de la vie du chien. Tous les ans, il y a une journée de formation qui permet d’évaluer la stabilité du couple. « Nous organisons aussi, toutes les semaines, pour les chiens, des sorties au bois avec des bénévoles pour s’occuper des déficients visuels. Et enfin, nous avons également un réseau de services lorsqu’il faut garder l’animal pendant un séjour à l’hôpital, par exemple », précise la responsable du pôle « Suivi ».

Les rares personnes qui ne viennent pas de leur plein gré à l’école (environ 5 %) sont obligatoirement convoquées. « Il est impératif pour nous d’avoir des nouvelles. Lors de la remise du chien, c’est un contrat moral qui est signé. Si, pour n’importe quelle raison, la personne rencontre un problème, elle doit nous appeler. Lorsque ça ne va vraiment pas, c’est qu’ils n’ont pas demandé d’aide. C’est un peu notre faute aussi, ça veut dire qu’on a loupé quelque chose… »

Les rares cas où le chien a été retiré

Un chien, c’est un engagement pour 10 ans. Or, en une décennie, les choses peuvent énormément changer : mariage, déménagement, enfants… La vie n’est plus la même mais le chien, lui, n’a pas changé. « Il faut alors voir si on peut s’adapter ou alors arrêter ce partenariat… ». Laurence Berthault nous présente 3 cas de figure qu’elle a rencontrés pendant son parcours :

  • « Nous avons reçu des témoignages qui nous ont alertés. Nous sommes allés voir au domicile de l’homme et il s’est avéré qu’il souffrait d’alcoolisme, ce qui le rendait violent. On lui a donc immédiatement retiré le chien.
  • Une femme seule qui vivait une relation fusionnelle avec son chien a rencontré l’amour, eu des enfants puis délaissé son animal. On s’en est rendu compte lors de la journée de formation annuelle. D’un commun accord, on a décidé de le lui retirer.
  • Enfin, il y a les chiens trop gâtés qui deviennent obèses et ça, pour nous, c’est considéré comme de la maltraitance. On retire alors le chien à la personne pendant deux mois, le temps qu’il perde un peu de poids et, généralement, on ne le retire pas une seconde fois. »

Chiens Guides de Paris. Tout au long de la vie du chien, le couple formé revient ponctuellement à l’école

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Publié le 31 juillet 2019
5 minutes
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