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Oiseaux : l’Europe interdit à la France ses chasses illégales

La Commission européenne entend poursuivre la France si elle continue à chasser les oiseaux selon des méthodes cruelles et illégales. Une procédure d’infraction a été ouverte et une lettre de mise en demeure adressée à notre pays qui pourraient aboutir à une procédure de justice si notre pays ne se met pas en règle avec les directives européennes. Avec AFP.

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Oiseaux : l’Europe interdit à la France ses chasses illégales
Shutterstock

Selon Bruxelles, « la France autorise des pratiques de chasse non sélectives, comme la chasse à la glu et au filet, qui ne sont pas conformes aux exigences [de la directive « Oiseaux » sur la conservation des oiseaux sauvages et de leurs habitats.] La Commission s’inquiète également de la tolérance et de l’autorisation généralisées actuelles de la chasse à l’oie cendrée après que celle-ci a  commencé sa migration vers ses sites de reproduction », pratique pourtant interdite, explique l’institution. La France a deux mois pour répondre.

Shutterstock. En France, la chasse à l’oie cendrée est autorisée alors que celle-ci migre vers ses sites de nidification.

Sur le cas particulier de la tourterelle, la Commission somme par ailleurs la France et l’Espagne de renforcer la protection de ce volatile « autrefois très courant en milieu agricole, mais désormais menacé ». Cela illustre selon elle « comment la pression de l’agriculture et de la chasse contribue à une perte de biodiversité ». La Commission rappelle que l’espèce est considérée comme « vulnérable » à la fois sur la liste rouge mondiale et sur la liste rouge européenne des oiseaux. « L’Espagne accueille plus de la moitié de la population reproductrice dans l’UE, et la France en accueille 10 % », et donc l’action des deux pays est « capitale pour la conservation de cette espèce », selon Bruxelles, qui précise qu’entre 1996 et 2016, la population a décliné de 40 % en Espagne et de 44 % en France.

En 2017, la France se met en conformité pour les ortolans

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Ce n’est pas la première fois que la France est réprimandée dans ce domaine : après avoir été renvoyée devant la justice européenne, la France s’était finalement mise en conformité en 2017 concernant la chasse aux ortolans. « L’Union européenne vient utilement rappeler à la France ses devoirs et engagements », s’est félicité Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) cité dans un communiqué, qui avait porté plainte contre la France. Le Conseil d’État a retoqué à 12 reprises des tentatives de l’État pour prolonger la chasse des oies cendrées après la date de fermeture officielle, le 31 janvier. La LPO proteste aussi contre la possibilité de chasser « 30 000 tourterelles des bois et 6 000 courlis cendrés », avec deux arrêtés en préparation, « tout en renouvelant les autorisations de piéger des milliers d’oiseaux avec de la glu, des matoles (pièges) et des filets, de les écraser avec des pierres plates ou de les étrangler avec des collets ».

Shutterstock. En 2017, la justice européenne a fait plier la France sur la chasse illégale aux ortolans.

Après l’avertissement de la Commission, « on va regarder s’il est opportun de baisser encore le niveau de prélèvement » pour la tourterelle des bois, a indiqué le ministère de la Transition écologique. Un comité d’experts mis en place par le gouvernement préconise de ne plus chasser la tourterelle des bois ou, au pire, de tuer 1,3 % des effectifs estimés en France, soit 18 300 oiseaux. Le comité recommande la mise en place d’un moratoire dans le cas du courlis cendré.

Dites NON aux pratiques barbares de chasse

Non, ces pratiques ne sont pas des traditions comme voudrait le laisser entendre le ministère de la Transition écologique et solidaire. Comme chaque année, il entend autoriser le piégeage de centaines de milliers d’oiseaux par la glu, les matelotes, les tenderies et autres pantes.

Vous avez jusqu’à demain, samedi 27 juillet, pour faire connaître votre refus de ces chasses cruelles en participant aux consultations ouvertes au public par le gouvernement.

La Ligue pour la protection des oiseaux vous donne les arguments pour justifier votre position. Il vous suffit de les copier-coller sur le site concerné. Les voici :

Argumentaire contre l’arrêté ministériel prévoyant le piégeage de l’alouette des champs aux pantes et matoles dans les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques

Les chasseurs du Sud-Ouest ont déclaré n’avoir capturé « que » 92 500 alouettes en 2018 et, ajoutées aux 180 000 déjà chassées au fusil, cela représente plus de 272 000 alouettes prélevées par la chasse chaque année en France. Ce tableau de chasse est irresponsable quand on a conscience du déclin continuel de l’espèce dans l’Hexagone (déclin de 33 % des nicheurs entre 1989 et 2015 et déclin de 46 % des hivernants entre 1996 et 2017) et en Europe (déclin de 56 % des nicheurs entre 1980 et 2015). De plus, les matoles, ces cages grillagées qui ont servi trop longtemps à capturer des bruants ortolans fin août-début septembre, ne sont pas sélectives puisque d’autres espèces comme les pinsons, les verdiers, les chardonnerets et bien d’autres se font prendre et restent souvent des heures prisonnières (perquisition et saisie par l’ONCFS, en mars 2019, de 180 matoles et 43 oiseaux vivants chez un Landais). Certains oiseaux pourtant officiellement protégés sont blessés, d’autres meurent et souvent alimentent un commerce « local » pour la restauration.

Lien vers la consultation

Argumentaire contre le piégeage aux gluaux des grives et merles noirs dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse

Bien entendu, il s’agit d’une pratique non sélective puisque n’importe quel oiseau autre que les grives et merles noirs peut se retrouver englué, ce qui a conduit, en 2004, la Cour de justice de l’Union Européenne à condamner l’Espagne qui autorisait une pratique similaire. Malgré l’obligation de relâcher les spécimens d’espèces non ciblées, ceux-ci ont peu de chances de survivre une fois englués, et même après nettoyage, surtout les petits passereaux (mésanges, rouges-gorges, etc.) : mutilations et articulations démises en se débattant, plumes arrachées par la glu, intoxication aux solvants chimiques utilisés pour décoller les oiseaux. Les arrêtés soumis à consultation autorisent le piégeage à la glu de 42 500 grives ou merles noirs pour la saison 2019-2020, comme en 2018 ! Les chasseurs n’étant pas soumis à l’obligation de relâcher les appelants en fin de saison, ce quota s’ajoute à l’important prélèvement de ces espèces par tir au fusil (plus de 2,5 millions de grives et de merles noirs en France d’après l’enquête nationale sur la saison 2013-2014).

Lien vers la consultation

Argumentaire contre le piégeage aux tenderies (filets) des vanneaux huppés et des pluviers dorés ainsi que des merles et grives dans le département des Ardennes (consultation commune aux deux modes de chasse)

La tenderie aux vanneaux

En France, pays qui abrite environ 70 % des hivernants d’Europe, le déclin des populations nicheuses (-33 % entre 1989 et 2015) et hivernantes (-48 % entre 2000 et 2017) est alarmante. Pourtant, 1200 vanneaux pourront, cette année encore, être prélevés par le biais du piégeage au filet (tenderie aux vanneaux) selon l’arrêté projeté alors que ce même quota n’a pas été atteint en 2018 (moins de 900 oiseaux ont été tués aux filets) et qu’il s’en tue déjà environ 100 000 au fusil chaque saison de chasse. Quant au pluvier doré, le quota de 30 individus est renouvelé même si le prélèvement au filet, en 2018, n’a été que de 14 (+ 12 500 par la chasse au fusil).

La tenderie au brancher

Cette tenderie dite aux grives et merles ne garantit pas que d’autres espèces non ciblées ne se retrouvent prises au piège et la nature même du piège exclut la possibilité de relâcher une espèce non ciblée et potentiellement protégée, puisque la technique consiste à étrangler l’oiseau. La tenderie au brancher est donc, par nature, non sélective. En cela, elle est contraire au droit européen et l’État en est parfaitement conscient puisque l’arrêté ministériel du 17 août 1989 encadrant ce mode de chasse prévoit que « Tout gibier autre que les grives et merles pris accidentellement dans une tenderie [doit être] déclaré dans les vingt-quatre heures » – et non pas « relâché » – à l’ONF ou à la Fédération des chasseurs ». Le quota « offert » cette année pour le piégeage des grives ou merles noirs aux tenderies est identique à celui de 2018, soit 5 800 individus auxquels il faut, là encore, ajouter 2,5 millions de grives et merles tués au fusil…

Lien vers la consultation

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