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Enquête choc sur la viande de cheval

En 2018, la France a importé près de 4 300 tonnes de viande chevaline depuis le continent américain. Une enquête de grande ampleur, diffusée par l’association Welfarm, rend compte de l’état désastreux de ces animaux et de leurs conditions de vie.

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Enquête choc sur la viande de cheval
TSB/AWF

Des cadavres laissés dans la neige, des chevaux squelettiques et blessés, les subterfuges mis en place lors des contrôles… Les images filmées par les associations Tierschutzbund Zürich (TSB) et Animal Welfare Foundation (AWF) -et diffusées en France par l’association Welfarm- révèlent les conditions de production de la viande chevaline en Argentine, en Uruguay et au Canada. La France est un acteur majeur du cauchemar enduré par ces animaux puisque 77% de la viande de cheval vendue en hypermarchés en est issue…

Au Canada, un froid mortel

Sur les images filmées entre janvier et février 2019 à Bouvry-Export -le plus gros abattoir de chevaux du Canada- on peut y voir des animaux obèses car gavés aux grains, ou encore gravement malades, condamnés à mourir sans soin ni euthanasie. Le plus choquant est le froid qu’ils subissent : arrière-train recouvert d’excréments gelés, poulain mort de froid à la naissance et laissé par terre… Il fait jusqu’à -30°C, et aucun abri n’a été installé pour les protéger. Les survivants sont ensuite transportés par camions depuis les États-Unis, où ils passent 6 mois en quarantaine dans des enclos surpeuplés avant d’être abattus. Welfarm, dans son communiqué, rappel que 17% de cette production se retrouve sur les étals de nos bouchers et supermarchés.

Un cheval obèse à Bouvry-Export

Cadavre d’un poulain gelé

Argentine et Uruguay, exportateurs massifs

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Alors que les Argentins et les Uruguayens ne mangeant pas de cheval, le commerce de la viande chevaline y est pourtant fleurissant. Par exemple, en 2018, l’abattoir de Clay -le plus important d’Uruguay- a abattu 18 000 chevaux. Il s’agit de chevaux de course, de rodéo, de travail et même de loisir. Pourtant, l’enquête révèle qu’en raison de tous les produits dopants dont ils sont gavés, les chevaux de course seraient impropres à la consommation… Cette fois-ci encore, les images filmées entre avril 2018 et janvier 2019 dans ces pays peignent un tableau macabre où extrême maigreur et plaies béantes sont monnaie courante. La France, avec 1 970 tonnes de viande chevaline importées d’Uruguay, en est le 2e plus gros client.

Cheval mourrant en Uruguay

Des abattoirs « maquillés » lors des contrôles

Les ONG filment dans ces élevages et abattoirs depuis 2012-2013, et ont déjà alerté plusieurs fois les importateurs européens de viande chevaline. En 2015, ces derniers ont donc créé le label « Respectful life » (respectueux de vie en français ndlr) où deux chercheurs de l’Université belge de Louvain ont été mandatés pour visiter des abattoirs comme celui de Clay. D’après leurs observations, le bien-être animal y est respecté, ce qui se traduit par le logo bleu de Respectful life visible sur les emballages.

« Cette appellation trompe le consommateur car ces visites sont annoncées à l’avance, ce qui laisse tout le temps aux abattoirs de se préparer, dénonce dans un communiqué Adeline Colonat, responsable de la campagne viande chevaline chez WELFARM. Sur les vidéos, on peut voir que les chevaux blessés et maigres disparaissent, que des abris de fortune poussent comme des petits pains (pour s’écrouler aussitôt), ou alors que toute activité est bizarrement cessée « en raison de travaux d’infrastructure majeurs ».

Ce même cinéma se répète lors des contrôles de la Commission Européenne qui n’est pas restée dupe. « Contrairement à ce qui avait été spécifiquement demandé, les trois centres de rassemblement étaient vides pendant les quatre jours d’audits. Toutefois, les registres indiquaient qu’avant l’audit, des chevaux étaient présents chaque jour, parfois plusieurs centaines », écrit-elle dans un rapport de 2018, après un audit en Uruguay. « Compte tenu de l’état des centres et des registres, la Commission européenne conclut que le respect du bien-être animal est « clairement compromis » », relate Welfarm.

Viande impropre et intraçable ?

Plus inquiétant encore, la Commission européenne émet de sérieux doutes sur le respect des délais d’attente après l’administration de certains médicaments vétérinaires : « Les autorités ne sont pas en mesure de certifier de manière fiable que la viande dérivée de ces espèces respecte les exigences de santé publique applicables sur le marché de l’Union européenne ». En effet, en Argentine et en Uruguay, il suffit que le dernier propriétaire de l’animal déclare sur l’honneur que son cheval n’a reçu aucune substance interdite durant les 6 derniers mois… C’est totalement invérifiable », ajoute Adeline Colonat. Par ailleurs, en Uruguay, l’enquête montre des chevaux sans aucune marque d’identification, marqués au fer rouge le jour même où ils sont conduits à l’abattoir. « C’est illégal, et cela en dit long sur la traçabilité de la viande dans le pays », conclut la responsable de la campagne. 

Un appel au boycott

Suite à toutes ces preuves accablantes, une coalition de 13 associations (dont TSB, AWF et Welfarm) demande à la Commission européenne la suspension des importations de viande chevaline depuis ces trois pays. Plus particulière pour la France, Welfarm demande :

  • aux artisans bouchers et distributeurs français de bannir de leurs rayons la viande chevaline originaire d’Argentine, d’Uruguay ou du Canada
  • aux consommateurs de contacter leurs distributeurs et artisans bouchers via le site alerteviandechevaline.fr pour les pousser à agir
  • au Gouvernement français d’instaurer l’étiquetage obligatoire sur l’origine de la viande chevaline.
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