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Le chat aime-t-il jouer?

Tous les chatons adorent jouer. Mais certains d’entre eux, en grandissant, semblent perdre cette irrépressible envie d’attraper tout ce qui bouge. Comment l’expliquer ?

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Le chat aime-t-il jouer?
Shutterstock

Le jeu est essentiel chez le chaton. Avec l’alimentation et le sommeil, c’est même l’une de ses principales activités. Il lui permet de parfaire son développement locomoteur, ses réflexes mais aussi d’apprendre les postures sociales pour bien communiquer avec ses congénères. C’est dans sa fratrie, avec sa mère, que le chaton commence à jouer dès qu’il a atteint un stade de développement suffisant, vers l’âge de 3 semaines. A ce stade, il démarre une marche rudimentaire et ses yeux et ses oreilles sont ouverts, lui permettant de découvrir les jeux. Jusqu’à l’âge de 6 semaines, le chaton va principalement interagir et jouer avec sa mère et ses frères et sœurs : courses-poursuites, sauts, bonds, affrontements, embuscades… de nombreux comportements et attitudes sont expérimentés.

Les jeux de « bagarre »

Les petits jouets mobiles attisent sa curiosité après l’âge de 6 à 8 semaines. A ce moment-là, il est capable de les poursuivre, de les attraper et les capturer avec ses griffes. Les objets plus gros et immobiles seront explorés et escaladés. Jusqu’à l’âge de 12 à 16 semaines, les chatons alternent les jeux sociaux et les jeux avec des objets. Cette activité monopolisant beaucoup d’énergie, chaque séance est suivie d’une sieste réparatrice.  

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Pendant toute cette période de développement, les jeux de « bagarre » sont très prisés. C’est à travers eux que les chatons apprennent les bons mouvements pour se défendre, fuir ou éviter un conflit. Avec leur mère, ils apprennent aussi à rétracter leurs griffes et à contrôler les morsures. Certains adultes continuent de jouer avec leurs congénères. Il n’est pas toujours évident de faire la différence entre le jeu de bagarre et le vrai conflit. Si les corps des chats sont souples, qu’il n’y a pas de vocalises agressives et que les morsures et griffures sont contrôlées, il s’agit bien d’un jeu. Mais parfois, la limite entre les deux peut être mince et l’apparition d’un stimulus extérieur peut faire basculer l’équilibre du jeu. Le comportement de jeu interactif avec des congénères va progressivement diminuer puis s’éteindre chez certains adultes.

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De nombreux travaux réalisés dans les années 1980 se sont intéressés au développement du comportement de jeu chez le chaton. Les résultats de l’étude de Michael Mendl, de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, ont ainsi montré que les chatons qui sont nés avec des frères et sœurs jouaient beaucoup entre eux et sollicitaient moins leur mère que les chatons uniques. Les mères avec un seul chaton jouaient en revanche plus avec leur petit que les autres mères, tout en l’évitant plus, sans doute parce que ce dernier sollicitait trop leur attention. En définitive, les chatons uniques de l’étude jouaient moins et restaient plus longtemps seuls que leurs congénères qui vivaient au milieu de frères et sœurs. En grandissant, ils avaient aussi tendance à être plus agressifs envers leurs congénères. Tim Caro, un chercheur de la même université, a constaté au cours de ses travaux sur le même sujet que le temps passé à jouer variait selon le sexe des chatons. Les fratries uniquement composées de mâles jouaient ainsi plus que les fratries seulement constituées de femelles. Il a par ailleurs noté que le temps passé à jouer diminuait dans les fratries de femelles à mesure que le nombre de mâles baissait. Cette différence est sans doute due aux hormones sexuelles.

Un intérêt déclinant

Après l’âge de 14 semaines, la propension au jeu décline progressivement. Certains chats ne jouent plus ou juste un peu moins tandis que d’autres sont toujours partants pour courir après une balle. Lors de cette période, il y a une réorganisation du comportement de jeu, certaines motivations évoluent et la prédation prend une place plus importante. Récemment, des chercheurs de l’université de Southampton, au Royaume-Uni, ont constaté que la prédisposition des chats à jouer avec un petit objet – assimilé à une proie – augmentait en intensité à mesure que leur faim s’aiguisait. Un peu plus tard, la même équipe a montré que plus un chat s’est habitué à jouer avec un objet, moins il passe de temps à jouer, mais que l’introduction d’un nouvel objet inverse la tendance en augmentant l’intérêt du chat à interagir avec ce dernier. Ainsi, pour encourager un chat à jouer, il faut à la fois lui procurer des jouets qui correspondent à son âge, ses préférences, son tempérament, mais aussi changer ses jouets régulièrement pour créer de la nouveauté. Notamment en privilégiant les petits jouets mobiles qui n’ont pas leur pareil pour déclencher l’instinct de prédation du petit félin.

Libérer ses tensions

Outre qu’il occupe le chat, le jeu lui permet de se dépenser physiquement et mentalement. Il se met à l’affût, explore, flaire, cherche, bondit, saute, court, roule, attrape sa « proie » ou encore se cache. Cela lui permet de libérer des tensions, de se divertir, de faire des apprentissages et d’interagir avec ses congénères ou avec des humains. De nombreux jeux existent dans le commerce. Il faut veiller à les choisir en fonction de l’âge du chat. Sachez que le prédateur qui sommeille en lui a une nette préférence pour les objets qui bougent, ne serait-ce que parce que sa vision excelle dans la détection du mouvement. Un plumeau, une ficelle n’ont pas d’équivalent pour l’inciter à se mettre en action.

hutterstock. Le meilleur « jouet » du chat est le compagnon de jeu.

Evidemment, le meilleur « jouet » est le compagnon de jeu, c’est-à-dire un autre chat. Mais il faut que les deux comparses s’entendent bien ou qu’ils aient grandi ensemble. Il est nécessaire de procurer au chat qui vit seul des activités pour jouer seul et avec son maître, en privilégiant les moments où il est en forme et que ses sens sont en éveil. Certains chats seront disposés à participer s’ils initient eux-mêmes le jeu. D’autres seront toujours partants pour faire de l’exercice et courir dans la maison à la moindre sollicitation de leur humain de compagnie. Deux à trois courtes séances de jeu par jour au minimum seront utiles pour maintenir une bonne condition physique. Pour éviter de le frustrer, laissez-le capturer sa « proie » de temps en temps.

Une activité indispensable

Comme pour tout félin, le jeu est sans doute un entraînement à la prédation car de nombreux comportements utilisés lors de ces deux activités sont similaires. Mais les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur ce lien. Certains auteurs émettent même l’hypothèse que l’expérience du jeu n’est pas nécessaire au développement des processus basiques de prédation. C’est-à-dire que les chatons élevés dans un environnement pauvre en stimuli et isolés de congénères sont quand même capables d’avoir des comportements « normaux » de prédation vers l’âge de 3 mois. D’autres auteurs pensent plutôt que le jeu permet d’améliorer les compétences du comportement de prédation, mais les résultats de leurs tests ne sont pour l’instant pas très significatifs. Peut-être tout simplement parce qu’une seule expérience de capture et de mise à mort d’une souris suffit au chaton pour apprendre à chasser. Quoi qu’il en soit, le jeu reste une activité indispensable pour maintenir une bonne condition physique et mentale chez le chat, surtout s’il n’a pas la possibilité de sortir. Et, plus longtemps votre chat s’amusera avec des objets, avec un congénère ou avec vous, plus il exprimera son bien-être tant physique que mental. 

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