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Fascinant orang-outang

Dans les cimes verdoyantes, sa silhouette orange passe comme une ombre. Inféodé à deux îles d’Indonésie, Bornéo et Sumatra, l’orang-outan ne pourrait être bientôt qu’un lointain souvenir tant son espèce est en déclin. Rencontre…

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Fascinant orang-outang
Maxime Aliaga / Naturagency

En indonésien, « orang-outan » signifie l’homme de la forêt. Si ce n’est sa toison rougeâtre, ce grand primate a en effet des allures d’homme. Par la taille d’abord. Mesurant jusqu’à deux mètres, il se tient debout tout comme nous et il est très agile de ses mains. Par la génétique ensuite. Appartenant tout comme nous à la grande famille des hominidés, l’orang-outan partage avec nous 97 % de son ADN, ce qui en fait l’un de nos plus proches cousins, au même titre que les gorilles, chimpanzés et bonobos. Mais la comparaison s’arrête là car, contrairement à la nôtre, son espèce est l’une des plus menacées de la planète…

Une vie en hauteur

Assez massif et imposant, ce grand primate est pourtant un équilibriste qui pose rarement le pied au sol. Il aime même jouer les filles de l’air dans la canopée, qui est son territoire de prédilection. C’est dans les cimes, qu’il parcourt de branche en branche avec une agilité exceptionnelle compte tenu de sa taille, qu’il trouve sa nourriture, composée de fruits, de feuilles et d’insectes, qu’il fait ses besoins et qu’il s’endort. Pour cela, il rassemble chaque jour feuilles et branchages qu’il plie selon une technique transmise par sa mère. Ce nid, érigé entre 12 et 18 mètres de hauteur, est un abri tout aussi douillet qu’éphémère puisqu’il est remplacé chaque jour. Il n’est occupé que par un seul individu, à l’exception des petits lorsqu’ils sont encore dépendants de leur mère.

Maxime Aliaga / Naturagency

Un solitaire territorial

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« L’homme de la forêt » est un solitaire, il a son propre territoire. Mâles et femelles ne se croisent qu’en de rares occasions, notamment pour y célébrer la vie et engendrer la relève de l’espèce. Seuls certains mâles, matures et dominants, arborent des bourrelets sur les bords du visage, leur donnant une tête en forme de disque. C’est un attribut pour séduire les femelles. Les couples ne font qu’un bébé à la fois et la mère, aimante et bienveillante, a seule la charge de son éducation et de son apprentissage. Etre un orang-outan sauvage requiert beaucoup de connaissances et de pratique. Reconnaître les aliments comestibles, trouver de l’eau au cœur des feuilles et troncs, estimer la résistance des branches auxquelles on s’accroche, faire son nid, déjouer les pièges de la forêt… Il faut entre sept et huit ans à un jeune pour apprendre tout cela. C’est pourquoi chaque mère n’a qu’un petit à la fois, tous les huit ans environ. Cette faible fécondité de l’espèce explique son extrême fragilité face aux menaces qui pèsent sur elle.

Maxime Aliaga / Naturagency

Une nouvelle espèce tout aussi menacée

Jusqu’à il y a peu, on pensait qu’il n’y avait que deux espèces d’orang-outan : celui de Bornéo (Pongo pygmaeus) et celui de Sumatra (Pongo abelii). Jusqu’à la découverte, au sud du lac Toba, dans les forêts du massif de Batang Toru, d’une population d’orangs-outans isolés.

Les scientifiques ont récemment révélé que leur morphologie ainsi que leur ADN étaient bien différents des deux autres espèces déjà connues. En effet, ils ont un crâne plus petit, des canines
plus longues, et un pelage d’une teinte bien plus vive que celui de leurs cousins. Au début de l’année 2018, l’orang-outan de Tapanuli (Pongo tapanuliensis) a donc été officiellement reconnu par le monde scientifique comme la troisième espèce d’orangs-outans de notre planète. D’après des études génétiques poussées, il semblerait même qu’elle se soit séparée des deux autres espèces il y a environ 3 à 4 millions d’années. Chose plus surprenante encore, l’orang-outan de Tapanuli serait plus proche de l’orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus) que de celui de Sumatra (Pongo abelii).

À lire aussi : Indonésie : non, les populations d’orangs-outans ne sont pas en hausse

Avec seulement 800 individus répertoriés quine vivent que dans 1100 km², cela fait de cette espèce le grand singe le plus menacé d’extinction au monde. Malgré cette incroyable découverte
et le classement tout aussi récent de la forêt de Batang Toru en réserve naturelle, la pression humaine est tout aussi forte qu’à Bornéo et Sumatra et un projet de barrage hydro-électrique menace même de détruire 10 % de la zone.

Maxime Aliaga / Naturagency

Victime de la déforestation

Si l’orang-outan était présent autrefois dans les forêts primaires et secondaires d’Indonésie et de Malaisie, il ne vit plus désormais à l’état sauvage que sur deux îles : Bornéo et Sumatra. Or, ces cinquante dernières années, cet habitat est soumis à une déforestation galopante au profit des plantations pour produire de l’huile de palme, des coupes illégales de bois exotique et de l’exploitation minière. Morcelé, leur territoire est aussi soumis à des incendies, souvent pour la mise en culture, poussant les orangs-outans vers les villages. Là, ils sont la cible des chasseurs qui les traquent pour leur viande, mais aussi pour protéger leurs cultures. Les petits dont la mère a été tuée sont alors domestiqués pour être revendus comme animal de compagnie.

Maxime Aliaga / Naturagency

Un sauvetage périlleux

Sur le terrain, des associations se battent pour la conservation des orangs-outans. Le Sumatran Orangutan Conservation Programme (SOCP) est l’un des acteurs principaux. Son action s’attache notamment à la réintroduction d’orangs-outans blessés ou confisqués. Ceux-ci sont accueillis dans le centre de quarantaine, qui héberge aujourd’hui plus de cinquante pensionnaires, dont la plupart sont des jeunes de moins de 5 ans. Le défi pour les équipes du centre est de leur apprendre à se débrouiller seuls pour pouvoir &ecir

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Publié le 29 avril 2019
5 minutes
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