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Les animaux pensent-ils aux autres?

Dans le règne animal, certaines espèces peuvent-elles faire preuve d’altruisme? Au point parfois que le congénère compte autant, voire plus que soi-même? Des études scientifiques sur les primates, les oiseaux ou les chiens apportent un début de réponse.

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Les animaux pensent-ils aux autres?
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En éthologie, générosité et altruisme n’ont pas le même sens. Si les deux attitudes consistent à prodiguer du bien à l’autre, en lui donnant quelque chose ou en faisant quelque chose pour lui, l’altruisme va plus loin car il implique un coût pour celui qui l’accomplit. Donner un euro à un mendiant est un acte de générosité, mais lui donner son plat alors qu’on a faim est un acte d’altruisme. Car il en coûte à celui qui se prive de sa part de nourriture au bénéfice de l’autre.

Dans nos sociétés, l’altruisme a une haute valeur morale. Il n’est qu’à en juger par le retentissement du sauvetage par Mamadou Gassama d’un petit garçon accroché à une rambarde de balcon au quatrième étage. En grimpant jusqu’à lui à mains nues, au péril de sa propre sécurité, l’homme a vu qualifier son geste altruiste d’acte héroïque salué par tous.

L’échange d’objets

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Pour comprendre comment cette capacité à se « sacrifier » pour l’autre s’est développée chez l’humain, de nombreux éthologues se sont penchés sur d’autres espèces animales, notamment les primates (chimpanzés, bonobos, gorilles et orangs-outans…), ou les oiseaux (perroquets ou corneilles…). Pour mesurer cette aptitude, de nombreux tests ont été élaborés auxquels les chercheurs ont soumis des individus de différentes espèces. Parmi ceux-ci, l’échange d’objets. Dans ce test, un individu apprend que s’il donne un objet « A », il sera le seul à recevoir en échange de ce dernier de la nourriture (attitude égoïste), mais s’il donne un objet « B », un congénère, installé près de lui mais incapable de choisir l’un des objets et donc de se procurer de la nourriture par lui-même, recevra également de la nourriture (attitude altruiste). Beaucoup d’animaux (notamment chez les chimpanzés) soumis au choix ont naturellement pris l’objet permettant au congénère de recevoir lui aussi sa portion de nourriture.

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Un autre test a soumis les animaux à ce que les chercheurs nomment : la tâche d’aide. Dans cet exercice, un individu a la possibilité d’aider un congénère à atteindre son but (qu’il ne pourrait pas rejoindre seul). Cela peut être pour obtenir un objet trop éloigné, ou pour l’extraire d’un endroit dans lequel il est enfermé. Cela a été mis en évidence chez les primates principalement, mais également chez les fourmis. Dans cette espèce très sociale, les fourmis soumises au test ont montré qu’elles aident volontiers une congénère qui a la patte coincée à se libérer à la condition qu’elle fasse partie de leur propre colonie et qu’elle cherche activement à se libérer. Elles l’ignorent s’il s’agit d’une fourmi appartenant à une autre colonie, ou à la leur, mais qui ne cherche pas à se libérer.

Chez les rats, il a été mis en évidence la tendance de cette espèce à chercher à libérer un congénère prisonnier dans un tube, alors même qu’ils avaient la possibilité de ne pas l’aider et d’obtenir de la nourriture en contrepartie.

Même si ces études restent encore assez rares, et pas toujours très rigoureuses, les résultats actuels prouvent déjà clairement que les animaux, et pas seulement les primates, sont sensibles aux comportements des autres, ainsi qu’aux situations que subissent leurs congénères, et qu’ils ajustent leur attitude  en fonction de ceux-ci.

Le test de la barre

Concernant les chiens, la question de leur capacité à agir pour un autre, voire de leur altruisme, passionne. Pensent-ils aux autres chiens ? Pensent-ils aux humains avec qui ils partagent leur vie ? Pour le savoir, des chiens ont été soumis à une expérience qui a nécessité, au préalable, de les entraîner à tirer une barre pour obtenir de la nourriture. Cette technique acquise, le fonctionnement de l’appareil a été quelque peu modifié : lorsqu’ils tiraient la barre, la nourriture libérée n’était plus pour eux, mais pour un chien qui se tenait de l’autre côté d’une barrière. Les chercheurs ont mesuré le temps mis par les chiens pour arrêter de tirer la barre car cela ne leur rapportait plus rien. Ils ont constaté que les chiens ont continué bien plus longtemps lorsque le chien qui recevait la nourriture à leur place était un chien familier (qui vit dans la même maison qu’eux) que lorsque c’était un chien non familier, ou lorsqu’il n’y avait plus rien.

Une autre étude a également permis de mettre en évidence que dans une tâche d’échange d’objets (voir plus haut), les chiens sont plus enclins à partager lorsqu’ils sont avec un chien familier qu’avec un chien étranger. Une dernière étude a montré que lorsque les chiens entendent un autre chien gémir, que ce soit de peur ou de stress par exemple, ils adoptent des comportements de réconfort s’il s’agit d’un chien avec lequel ils ont une bonne relation. Ces études concluent toutes les trois que les chiens pensent à leurs congénères, et qu’ils pourraient parfois être altruistes avec eux lorsqu’ils les connaissent et les apprécient.

Altruisme sur commande

En revanche, quand on observe les études faites sur les réactions des chiens envers les humains, les résultats sont moins concluants. En 2013, une équipe de chercheurs a soumis des chiens à une expérience particulière. Pour cela, ils ont d’abord appris aux chiens à ouvrir une porte en pressant sur un bouton. Cette porte donnait accès à une zone grillagée. Puis, des clés étaient déposées au centre de la zone avant de refermer la porte. Deux situations s’offraient alors aux chiens : soit leur maître était présent mais ne s’intéressait pas aux clés, soit il montrait l’envie d’aller à l’intérieur pour récupérer les clés. Les résultats ont indiqué que les chiens ont pressé le bouton et donc ouvert la porte permettant l’accès aux clés uniquement quand leur maître leur signifiait qu’il voulait récupérer ces dernières. Toutefois, dans cette situation, il a été difficile aux chercheurs d’affirmer que le comportement des chiens qui ont ouvert la porte était spontané car leur maître a clairement indiqué le bouton aux chiens durant l’expérience.

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Depuis, toutes les autres études qui ont tenté de mettre en évidence chez le chien des comportements spontanément et volontairement dirigés vers l’humain, ou altruistes, ont eu des résultats négatifs. Cela nous autorise-t-il pour autant à conclure que notre meilleur ami n’en a que faire de nous ? Cela serait oublier un peu vite les faits reportés, depuis la nuit des temps, de chiens rendant service à l’homme (sans que cela soit le résultat d’une éducation spécifique), voire lui sauvant la vie, parfois au péril de la leur…

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