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Chartres : un zoo-refuge accueille uniquement des animaux rescapés

D’abord une ferme pédagogique composée exclusivement d’animaux issus de sauvetages, cela devient quelques années plus tard un véritable zoo-refuge. Animaux de cirque, de zoo, de laboratoire… Cette arche de Noé ouvrira ses portes au public en 2020.

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Chartres : un zoo-refuge accueille uniquement des animaux rescapés
La Tanière

Après avoir vendu leur empire de la téléphonie mobile, Francine et Patrick Violas décident de retourner à leur premier amour : les animaux. Ils rachètent en 2011 un corps de ferme à Chartres qui devient rapidement « La Ferme pédagogique de la Renaissance ». Cochons, vaches, chevaux, chèvres, moutons… ces animaux auparavant délaissés et maltraités sont aujourd’hui plus de 400 à faire le bonheur des enfants de la région.

C’est lors d’une rencontre avec un couple de circassiens, il y a 3 ans, que cette ferme pédagogique prend un nouveau tournant. En effet, leurs animaux sont tout pour eux, et ils décident de tout quitter pour venir s’installer avec leurs ours, leurs otaries, leurs chiens et leurs chats à Chartres. En accueillant ces nouveaux animaux sauvages, « La Renaissance » devient « La Tanière ». Dès lors, les sauvetages d’animaux chez des particuliers, dans des cirques, des élevages clandestins ou encore des zoos ne cessent de s’enchaîner. Or, il faut bien leur trouver une place !

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Ainsi, depuis 3 ans, une équipe travaille d’arrache-pied, mais en secret, sur ce projet de zoo-refuge. Zootechniciens, architectes, paysagistes, vétérinaires, soigneurs… À terme, 1 500 animaux seront accueillis sur ces 20 hectares, où 47 bâtiments doivent être construits. L’ouverture au public est prévue au printemps 2020, ce qui permettra d’aider à financer son fonctionnement, mais aussi à faire de la pédagogie auprès du grand public.

Les animaux de La Tanière

Bien qu’il ne soit pas encore ouvert au public, le zoo-refuge de La Tanière accueille déjà plus de 400 animaux !

Ours bruns. Apres leur rencontre avec Patrick Violas, Lisa et Paolo Texeira-Fornaciari, ainsi que leurs trois enfants ont quitte l’univers du cirque pour s’installer a La Taniere. Ils ne sont pas venus seuls, mais avec leurs animaux dont quatre ours : deux males et deux femelles. Quelques mois plus tard, en janvier 2017, les deux femelles ont donne naissance a sept petits oursons. Seul deux ont survécu.

Des chameaux. Le zoo-refuge a recueilli des chameaux venant de cirques tel que Gigi. Agée de 25 ans, elle est arrivée il y a un an et demi, souffrant d’une jambe et d’un genoux déformé. Après une lourde opération, elle se porte aujourd’hui à merveille !

Des Wallabies. Sur cette photo se trouve un wallaby albinos. Mais le refuge s’occupe également d’autres wallabies, tel que Gigi, 14 ans, qui vivait à l’écart dans un parc animalier.

Des daims. Patrick Violas et son équipe ont procédé à plusieurs sauvetage de daims, détenus illégalement sur des propriétés privées.

Baby l’éléphante

Des lamas

Des vaches Highland Cattle

Vache Maine-Anjou

Des cochons. Patrick Violas se souviendra toujours du jour où, lui et son équipe, sont allés chercher un cochon de 350 kilos au 5ème étage d’un immeuble…

Des ânes

Des chèvres

Des moutons

Des poneys et des chevaux

Otaries de Patagonie

Transmettre un message

Ce ne sont pas forcément les plus beaux ou les plus rares, mais il y a une dimension affective forte et chaque animal a une histoire. Et c’est cette histoire que Patrick Violas veut raconter aux visiteurs. « On n’aura de cesse d’expliquer aux gens qu’on ne prend pas un animal sauvage chez soi, et que si on prend un animal domestique, on a une certaine responsabilité et un coût financier à assumer », explique-t-il. Patrick Violas met également un point d’honneur à ne pas juger leurs précédents propriétaires. « Jamais on ne tombera dans le jugement de savoir si ces animaux doivent être utilisés en laboratoire, si les cirques doivent avoir des animaux, si les particuliers peuvent détenir tel ou tel animal… Notre but est de les récupérer, de les soigner et ensuite d’avoir un rôle de replacement de ces animaux ». En effet, l’un des objectifs de ce zoo-refuge est de servir d’étape pour la réhabilitation des animaux sauvages, grâce à des soins et à une sociabilisation, afin qu’ils rejoignent, par exemple, d’autres zoos.

Comme ce n’est pas un zoo traditionnel, il n’y aura pas de spectacle à proprement parler. Les otaries étant très joueuses, le public pourra toutefois assister à des joutes ludiques. Il y aura aussi des démonstrations de « medical training », une technique qui permet de soigner les animaux (examens, prise de médicaments, soins) sans avoir à les anesthésier.

La Tanière. Grâce au medical training, la vétérinaire peut procéder à une échographiesans anesthésier l’animal.

Une clinique vétérinaire à la pointe

Quand on aime, on ne compte pas. Et pour Patrick et Francine Violas, il était important de proposer un service vétérinaire irréprochable. C’est Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire de renommée mondiale, qui a décidé d’abandonner son activité libérale pour se fixer à La Tanière. Pour elle, cet endroit est un vrai paradis, tant pour les espèces qu’elle côtoie que pour les équipements dont elle dispose. « Ce n’est pas un refuge fait avec les moyens du bord, il est vraiment très équipé, explique avec fierté Florence Ollivet-Courtois. La clinique vétérinaire, qui vient de finaliser son équipement, possède deux endoscopes, trois échographes, un appareil de radiographie, tous les analyseurs biochimiques, hématologiques, hormonaux – fixes ou portables –, la thérapie laser, des caméras thermiques… bref, des moyens complètement exceptionnels que peu de vétérinaires peuvent prétendre avoir en refuge ou en parc animalier ».

Des primates de laboratoire

La grande nouveauté de ce mois de mars est l’accueil des tout premiers primates de laboratoire. Ce transfert, réalisé grâce au Graal (Groupement de réflexion et d’action pour l’animal) – une association qui s’occupe de réhabiliter des animaux de laboratoire – a nécessité deux ans d’organisation. Au final, neuf singes ayant participé à des programmes de recherche sur la vision et les neurosciences en France (Inserm et CNRS) viennent de rejoindre la toute nouvelle quarantaine de La Tanière. Ils y passeront un mois afin de suivre de près leur état de santé, puis iront couler une retraite heureuse dans une grande volière bénéficiant d’un extérieur. Ils seront bientôt rejoints par deux autres primates tout droits venus d’un laboratoire belge. « La concrétisation de ce projet est une fierté particulière, cela donne encore plus de sens à notre zoo-refuge, exprime Patrick Violas. L’idée n’est pas d’encourager le recours aux singes dans l’expérimentation animale, mais bien de trouver une issue acceptable pour ceux qui peuvent survivre. Grâce à l’action du Graal, l’idée sera de dire aux labos : maintenant que vous avez une solution, vous ne pouvez plus l’ignorer ».

La Tanière. Les primates de laboratoire passeront un mois en quarantaine

Martine Meunier, chercheuse en neurosciences à l’Inserm, est venue rendre visite à ses deux primates, Cannelle et Rufio, âgés respectivement de 19 et 16 ans (pour une durée de vie de 25 ans). « Nous avions déjà placé des animaux de manière informelle dans des zoos de la région de Lyon, avec le Gircor (Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche). Le Graal a permis d’amener une certaine coordination de toutes ces bonnes volontés, raconte-t-elle. La quarantaine, c’est beaucoup d’émotions et de stress pour eux, mais dans quelques semaines, quand ils auront appris les routines, ils s’y adapteront ». La chercheuse est accompagnée de la vétérinaire Manon Dirheimer, qui s’occupe des animaux au laboratoire. Elle explique qu’ils ont tous hâte de les voir à l’extérieur, là ou ils pourront découvrir le froid, la pluie et le vent ! « En effet, ils ont toujours eu des conditions d’hôtel, avec une température très fixe, des fruits, leur petite récompense… Ça va leur faire bizarre de se retrouver dehors, mais je suis sûre qu’ils vont très bien s’adapter, ce sont des super animaux », se réjouit la vétérinaire.

Jade Boches. De gauche à droite : Patrick Violas, Florence Ollivet-Courtois, Ivan Balansard (président du Gircor), Martine Meunier, Manon Dirheimer et Marie-Françoise Lheureux

Entre 2 000 et 3 000 primates sont utilisés chaque année en France pour la recherche. La majorité est vouée à l’euthanasie. « C’est vraiment compliqué, car les zoos n‘en veulent pas et les refuges qui prennent ce type d’animaux sont pour l’instant saturés. Le zoo-refuge de La Tanière est une vraie bénédiction puisqu’il a accueilli ses premiers primates le 7 mars et a signé un contrat afin d’en accueillir une quinzaine par an. Ces animaux doivent devenir le visage de ce combat. Il faut faire de l’anthropomorphisme ! », défend Marie-Françoise Lheureux, présidente du Graal, qui a déjà replacé plus de 70 primates à ce jour (3 500 animaux au total depuis 2005).

Pour faire un don au zoo-refuge de La Tanière, cliquez ici.

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