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Une pétition pour dire non au déterrage des blaireaux

Le déterrage des blaireaux peut s’effectuer jusqu’à 8 mois par an. En janvier, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) cherche à sensibiliser les Français sur cette activité de chasse et demande son interdiction à travers une pétition.

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Une pétition pour dire non au déterrage des blaireaux
Shutterstock

En France, le blaireau est considéré comme un gibier. Il est donc chassé à partir de septembre, jusqu’en janvier. « Cela veut dire que l’on peut le piéger au collet, le tirer avec une carabine et le déterrer », explique Madline Reynaud, directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS). Or, cette pratique du déterrage peut être prolongée à partir du 15 mai (et jusqu’en septembre) par simple arrêté du préfet, soit 8 mois au total dans l’année. Du 21 au 27 janvier, l’ASPAS mène une campagne nationale de sensibilisation sur le déterrage des blaireaux, en partenariat avec l’entreprise de cosmétique Lush.

Qu’est-ce que le déterrage ?

« Aussi appelé « vènerie sous terre » (en référence à la chasse à courre nommée « vènerie » ndlr), le déterrage consiste d’abord à monter un équipage de 8-10 personnes, qui ont pour but de trouver les entrées des galeries », explique la directrice de l’ASPAS. En creusant son terrier, le blaireau prévoit en effet plusieurs « portes ». « Ensuite, ils vont toutes les condamner afin que l’animal ne s’échappe pas, sauf une, dans laquelle ils envoient les chiens ». Ces derniers doivent aller trouver le blaireau. Lorsque c’est fait, ils aboient. « Une fois que l’animal est acculé au fond du terrier et que les chiens restent pour qu’il ne bouge pas, le groupe commence à détruire la galerie avec des pelles et des pioches. Ça peut prendre des heures, parfois jusqu’à une journée entière, afin de se rapprocher de l’animal », continue de décrire Madline Reynaud. Une fois qu’ils sont arrivés à quelques centimètres du blaireau, les chasseurs le sortent avec une très longue pince métallique. « Soit ils l’achèvent avec une arme blanche, soit avec un coup de fusil, soit ce sont les chiens qui le dévorent vivant », déplore-t-elle.

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Selon elle, deux choses sont à condamner dans cette pratique :

  • Les méthodes peu éthiques : l’animal est en souffrance et en grand état de stress pendant des heures, pour finir abattu plus ou moins rapidement. Les rares fois où il est relâché, il finira par mourir de ses blessures ou de la myopathie de capture (traumatisme entraînant la destruction des différents muscles, dont le cœur).
  • En mai, les blairelles s’occupent de leurs petits, une période où mères et enfants sont extrêmement vulnérables. De plus, le blaireau est connu pour avoir un faible taux de reproduction.

Petite famille de blaireaux dont les petits sont des blaireautins 

Le blaireau, un animal nécessaire

« Le blaireau n’est pas classé « nuisible » en France, et est même protégé dans 10 pays d’Europe ! (Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Danemark, Grèce, Espagne, Portugal, Hongrie et Grande-Bretagne) », explique la directrice de l’ASPAS. En effet, il a un véritable rôle dans la nature :

  • Consommant des baies, il en disperse les graines grâce à ses excréments.
  • Avec ses grosses griffes, il laboure la terre, aérant ainsi le sol et permettant une meilleure infiltration de l’eau.
  • Amateur de rongeurs, il évite également les surpopulations de ces petits mammifères pouvant causer d’importants dégâts dans les champs et récoltes.
  • Enfin, ses terriers servent souvent de logis à d’autres espèces comme les renards ou les chats forestiers.

« La viande de blaireau ne se mangeant pas, le déterrage est pratiqué comme un simple loisir, car c’est en dehors de la période de chasse. Il s’agit d’une pratique purement traditionnelle », déplore Madline Reynaud. Selon les chiffres de l’ASPAS, 40 000 chasseurs pratiqueraient le déterrage. La pétition « Stop au déterrage des blaireaux » est disponible en ligne, et demande au ministère de la Transition écologique et solidaire l’abolition du déterrage et le classement du blaireau comme espèce protégée. Sur ce dernier point, Madline Reynaud sait que cela va être plus compliqué. « Pour classer une espèce comme étant protégée, il faut un suivi des populations avec des chiffres et des études scientifiques, ce que nous n’avons pas aujourd’hui ».

L’un des arguments avancés pour justifier le déterrage des blaireaux est celui de la tuberculose bovine. Cette maladie peut être transmise à un cheptel par une bactérie potentiellement présente chez les blaireaux, mais aussi les cerfs et les sangliers. Or, selon l’ASPAS, rien n’a montré que le déterrage combattait cette maladie, au contraire : en Bourgogne, entre 2009 et 2010, seuls 12 blaireaux ont été retrouvés contaminés alors que plus de 3 000 avait été éliminés.

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