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Les chiens aiment-ils le travail ?

Pistage, surveillance, recherche, aide aux handicapés, garde de troupeaux… Les chiens sont une aide précieuse pour les humains. Sélectionnés sur des aptitudes, entraînés à des missions, ils travaillent seuls ou avec nous. Mais en ont-ils réellement envie ?

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Les chiens aiment-ils le travail ?
Shutterstock / Stoyan Yotov

Le chien est une espèce animale unique en son genre, car ses représentants sont divisés en plusieurs populations qui diffèrent selon la relation qu’ils entretiennent avec nous, les humains. Chiens de compagnie ou chiens de travail, un monde parfois les sépare… Pourtant, à l’origine, le principal rôle des chiens était d’accomplir une tâche visant à nous rendre service. C’était pour cette seule fonction que l’homme les avait sélectionnés et éduqués. Ce n’est que très récemment que certains d’entre eux ont été choisis sur des critères uniquement esthétiques et dans l’optique de nous tenir compagnie.

Des tâches très variées

Pour autant, les chiens de travail continuent à remplir des missions très variées : la garde ou la conduite de troupeaux, la chasse, la recherche de personnes disparues, d’explosifs, l’interception, la détection de cancers, de crises d’épilepsie, ou encore le guidage d’aveugles, l’assistance aux personnes handicapées…

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Le nombre de prouesses qu’ils sont en mesure d’accomplir ne semble pas connaître de limites. Chacune de ces fonctions étant  essentielle à la survie des humains, la pression exercée sur le binôme humain-chien qui se charge de les effectuer est considérable. Le stress aussi. Si des études ont démontré qu’un chien stressé, en état de malêtre, est moins concentré et donc moins performant, il est beaucoup plus difficile de mesurer quelle conscience il a du travail qui lui a été confié et quel plaisir il en tire ou, a contrario, quel déplaisir.

La sélection des aptitudes

Ce que l’on sait, c’est que la sélection opérée au fil des siècles, à travers différentes races, voire au sein de différentes lignées, a développé  des aptitudes, des compétences particulières, tant physiques, intellectuelles que comportementales. Ces qualités ont permis aux races spécialisées dans telle ou telle action d’accomplir son « devoir » avec le meilleur bagage possible et le moins de contraintes. C’est, par exemple, le cas des chiens de travail à l’eau, dont les pattes sont désormais palmées, rendant leur nage plus efficiente, et donc moins fatigante. C’est aussi le cas des chiens de recherche, qui allient endurance physique et grandes capacités olfactives. Les chiens de chasse ou les chiens de troupeau ont, quant à eux, été sélectionnés à partir de comportements spécifiques acquis dès le plus jeune âge et qu’ils apprennent à maîtriser jusqu’à l’âge adulte.

Ce travail de sélection génétique, on le sait, influence les tendances comportementales des individus. Et, même s’ils appartiennent à la même race, selon qu’ils sont issus de telle ou telle lignée, les chiens n’auront pas les mêmes besoins en dépenses énergétiques, ou n’auront pas la même autonomie dans leur prise de décision. Les chiens issus de lignées de travail ont en général de hauts besoins en dépenses énergétiques et mentales, et sont le plus souvent très enclins à travailler avec l’humain. Cela peut d’ailleurs être problématique quand un individu issu d’une lignée de travail est cantonné à la compagnie, où ses facultés, tant physiques que psychologiques, ne pourront pas s’exprimer. Combien de border collies gardiens de troupeaux finissent, dans une famille, par détruire le mobilier par ennui ou courir après les vélos ?

Heureusement, la sélection ne fait pas tout ! Il y a énormément de variabilité entre les individus, fussent-ils de la même  fratrie. Et, même si un chien est issu d’une lignée de travail, ce qui détermine réellement son envie de travailler ou non, c’est d’abord son tempérament ainsi que les expériences qu’il aura eues au gré des rencontres, des épisodes de vie et des personnes qu’il va côtoyer. Un ensemble de paramètres qui sera essentiel pour déterminer si oui ou non l’individu aura du  plaisir à travailler avec les humains. Parmi ces paramètres déterminants dans le plaisir que le chien prendra à remplir sa fonction, l’entraînement est primordial. Quelle que soit sa fonction, le chien de travail devra apprendre la tâche qu’on va lui assigner et qu’il va devoir exécuter plusieurs fois par jour, des années durant parfois. Prenons le chien d’interception : il doit partir lorsque son maître lui en donne la commande vocale, suivre, puis intercepter correctement la personne qu’il poursuit, attendre en immobilisant la personne, puis la lâcher sur commande vocale.

La force de l’apprentissage

Shutterstock. Le chien d’aveugle reconnaît un passage piéton et y conduire l’humain dont il a la charge.

Le chien guide d’aveugle devra reconnaître un passage piéton, y conduire l’humain et s’asseoir devant le passage pour en indiquer l’endroit. Le chien de recherche d’explosif, quant à lui, devra reconnaître l’odeur de la matière qu’il cherche, se concentrer, trouver et marquer le lieu lorsqu’il l’aura identifiée (par exemple en aboyant), jusqu’à ce que son maître arrive. Les apprentissages sont aussi divers que les missions que les chiens remplissent. Pour chacune d’entre elles, des comportements sont inculqués aux chiens au cours de leur formation, et cela dès leur plus jeune âge. Cela commence au simple contact des chiens adultes qui font déjà ce travail, jusqu’à la formation spécifique prodiguée par des professionnels. C’est là qu’intervient la notion de méthode de travail, de laquelle dépend, pour l’essentiel, son plaisir, ou en tout cas son bien-être. Il existe deux grandes lignes directrices dans la façon de travailler d’un chien : les méthodes  coercitives, qui ont pour but d’amener le chien à réaliser un exercice par peur de se faire réprimander s’il n’y parvient pas,  et les méthodes coopératives, qui ont pour ambition d’inciter le chien à réaliser une tâche par plaisir et par anticipation d’une récompense, quelle qu’elle soit. Du point de vue éthologique, de nombreuses études ont montré que les méthodes coercitives induisent une diminution du bien-être des chiens, ainsi qu’une augmentation des comportements associés au stress.

A l’inverse, les méthodes coopératives entraînent une diminution des problèmes de comportement et des conduites associées au stress, et une augmentation de l’obéissance et de l’efficacité au travail. C’est ce dernier point qui est important à considérer ici : pour qu’un chien soit plus efficace dans son travail, il faut qu’il l’apprenne par le plaisir, la coopération et la récompense. Cette dernière peut être alimentaire, mais c’est aussi très souvent un jouet, parfois associé à des caresses et des félicitations vocales. Chez les chiens de recherche de personnes disparues par exemple, l’animal apprend que, pour pouvoir jouer, il doit retrouver la personne à trouver que l’on aura associée au jouet. Ce qui motive les chiens de travail n’est pas forcément la tâche en soi, mais bien la perspective de pouvoir bénéficier de la récompense à venir. Les études en éthologie ont clairement mis en évidence que pour avoir un chien efficace dans son travail, il faut qu’il y prenne du plaisir. Pour cela, l’apprentissage par des méthodes d’entraînement coopératives est le plus concluant. Mais, même quand tout est fait au mieux pour le bien-être du chien, certains d’entre eux n’aiment tout simplement pas cette vie-là, et n’associent pas le plaisir au travail.

À CHACUN SA NATURE

Ce fut le cas pour Lulu, une femelle labrador noire, qui était entrée en formation pour devenir chien de recherche d’explosifs à la CIA, aux Etats-Unis. Malgré un entraînement positif et visiblement des aptitudes naturelles au métier, les éducateurs canins se sont rendu compte que Lulu n’était pas motivée. « Même si elle maîtrisait parfaitement ce qu’on attendait d’elle, Lulu n’était plus intéressée par la recherche d’explosifs, les entraînements n’étaient plus de bons moments pour elle. Alors, nous avons préféré la retirer du programme, et nous savons que c’est la bonne décision pour elle. » Depuis, la chienne a été adoptée par son entraîneur, et elle mène une existence de chien de compagnie qui lui correspond mieux. Son histoire a été très médiatisée sur les réseaux sociaux, et il est important de louer l’attitude des policiers qui ont su respecter le tempérament de Lulu. Finalement, les chiens sont comme les humains : certains sont des bourreaux de travail et adorent cela, et d’autres aiment la dolce vita… A nous de respecter la nature de chacun… Après tout, c’est cela le bonheur !

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