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5 races de chiens en déclin

Dans les années 1980, elles étaient parmi les races les plus en vogue en France. Mais, près de quatre décennies plus tard, elles sont devenues rares. Pourquoi ont-elles connu un tel déclin ?

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5 races de chiens en déclin
Noëlle Hay

Elles ont fait partie des races adorées des Français dans les années 1980 mais en près de quarante  ans, leur nombre de naissances a baissé. Quelles sont ces races aujourd’hui boudées ? Pourquoi les croise-t-on beaucoup plus rarement dans la rue ? Nous vous proposons de redécouvrir 5 des races qui ont tant plu aux Français.

Le dobermann

Didier Tachain

Le dobermann est une race allemande née à Apolda, dans la province de Thuringe. À l’origine de cette race, on retrouve Karl Friedrich Ludwig Dobermann. Il était fonctionnaire de la ville d’Apolda, occupant un poste d’huissier-homme à tout faire et parcourant la région en tant que contrôleur d’abattoir, équarisseur, percepteur de redevances ou encore de fermages et d’amendes diverses. Il entreprit alors la sélection d’un chien de garde incorruptible, capable de le protéger dans toutes les circonstances sans jamais faillir. Sa passion pour les chiens, alliée à la dangerosité de sa profession, l’ont poussé à penser qu’il serait important de se constituer une garde canine capable de le protéger contre les attaques de brigands (qui convoitaient le butin qu’il transportait) lors de ses déplacements.

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Au fil du temps et des différentes sélections, le « dob » est devenu un parfait chien de famille et il est à mille lieues de cette image populaire de monstre sanguinaire. « Il est « amoureux » de ses humains (grands et petits) à qui il voue une fidélité et un amour aveugles et sans faille », commente Didier Tachain, éleveur de dobermanns dans le Cher (18). Mais le dobermann reste un bon chien de garde efficace pour protéger sa famille. Comme tous les autres chiens, il aura besoin de balades régulières et d’un cadre de vie adapté à ses besoins. Chien au physique d’athlète, il appréciera tout particulièrement la vie avec des maîtres sportifs mais saura aussi se poser une fois rentré à la maison. Côté éducation, le dobermann est un chien très intelligent qui apprend vite. « Joueur de nature, il demande une éducation basée sur la confiance, l’amour et la fermeté (« une main de fer dans un gant de velours ») pour faire de lui un chien facile à vivre », ajoute l’éleveur. Le dobermann peut mesurer entre 63 et 72 cm (en fonction du sexe) et peut peser de 35 à 40 kg pour les femelles et entre 45 et 50 kg pour les mâles. Seules deux couleurs sont reconnues : le noir et feu et le marron et feu.

Dans les années 1980, cette race était l’une des plus recherchées (1 753 inscrits au LOF en 1986) mais depuis, le nombre de naissances a chuté. En 2017, il n’y avait plus que 590 inscriptions au LOF.  « La cause principale de la chute des naissances de dobermanns en France est en grande partie l’application de la loi européenne sur la maltraitance animale, qui interdit la coupe des oreilles des animaux. Cette pratique leur donnait une prestance supplémentaire sur laquelle le grand public s’était focalisé, et sa nouvelle image de chien à oreilles tombantes a oculté ses nombreuses autres qualités morphologiques et caractérielles, qui n’ont pas encore su effacer cette image artificielle de chien essorillé (aux oreilles coupées), une pratique pourtant interdite dans notre pays depuis 2004 », développe Didier Tachain.

L’airedale terrier

Marie-France Cuny

L’airedale terrier est une race britannique originaire de la province du Yorkshire, en Angleterre. Elle a vu le jour au milieu du XIXe siècle dans un but précis : chasser les loutres qui dévastaient les rives des cours d’eau dans la vallée de l’Aire. Il est le résultat de croisements entre l’otterhound (qui reste très rare) et l’old english black dog, une race éteinte aujourd’hui. L’airedale porte le surnom de « Roi des terriers » : trop imposant pour se faufiler dans les terriers, il excelle particulièrement à la chasse au cerf et au sanglier, notamment en Allemagne. Mais son travail et ses qualités ne s’arrêtent pas là. Autrefois, cette race accompagnait les mineurs sous terre et était le meilleur allié des forces armées anglaises pendant la Seconde Guerre mondiale grâce à son flair très développé et à son endurance. Aujourd’hui, l’airedale travaille aux côtés des services de police britanniques mais il est aussi devenu, grâce à sa gentillesse et à son dévouement à sa famille, un très bon chien de compagnie. « Un airedale peut tout faire, à condition de savoir lui donner envie. C’est un chien très franc, avec lequel la complicité fonctionne mieux que l’autoritarisme. C’est ce qui le rend passionnant. En plus de 40 ans, je n’ai jamais été déçue par un airedale », raconte Marie-France Cuny, éleveuse d’airedale terriers en Moselle (57).

L’airedale est donc un chien polyvalent qui sait s’adapter à son environnement. « C’est un sportif infatigable en balade mais une fois à la maison, à l’hôtel ou au restaurant, il sait rester paisible », commente l’éleveuse. Ce chien aura donc une préférence pour les familles actives avec des enfants, qu’il adore.

L’airedale est un chien de taille moyenne : environ 60 cm au garrot et qui peut peser entre 20 et 25 kg. Il a une silhouette « cob », c’est-à-dire que le profil de son corps s’inscrit dans un carré. Sa tête est en forme de brique, avec un long chanfrein qui lui est caractéristique. Son poil dur est de couleur feu avec un manteau noir ou gris foncé.

En 1986, on comptait 837 naissances (inscrites au LOF) mais, plus de 30 ans après, seulement 205 inscriptions au LOF ont été comptabilisées (en 2017). Plusieurs raisons sont à l’origine de ce déclin, comme les idées reçues sur le toilettage. « En dehors des préparations aux expositions de beauté, une heure d’entretien par semaine (sans tondeuse, qui dénature le poil) suffit pour qu’un airedale garde sa silhouette. C’est une petite contrainte, mais la compensation n’est pas négligeable : un airedale bien entretenu ne perd pas de poils », ajoute Marie-France Cluny.

Le briard

Noëlle Hay

C’est en 1809 que, pour la première fois, l’abbé Rozier mentionne le « chien de la Brie », distinguant deux variétés de chiens de berger des plaines : un premier à poil court, qui deviendra le beauceron, et un second à poil long, l’ancêtre de notre briard. Ces deux races ont la charge des troupeaux, en assurant la conduite et la garde.

Pendant de nombreuses années, le berger de Brie a effectué son travail de berger, mais de nombreux propriétaires ne lui accordaient pas de soins particuliers. « C’est lors de la première exposition canine de Paris, en 1863, que sera présentée et primée la première briarde, qui répondait au nom de Charmante. Elle était d’un type plus proche du barbet que du berger de Brie actuel », ajoute Nöelle Hay, éleveuse de briards dans les Deux-Sèvres (79).  

Pendant longtemps, le briard a été sélectionné pour ses aptitudes et son travail de chien de berger. Cela demandait beaucoup d’énergie, de courage (lors de la garde des troupeaux), une bonne obéissance et un grand sens de l’initiative face aux obstacles (comme d’éventuels prédateurs). Maintenant, le briard est devenu un bon chien de famille qui a besoin d’être au contact d’humains. « Si vous ne voulez pas vivre avec votre chien, l’intégrer dans le cercle familial, le briard n’est pas le chien qu’il vous faut. Pire, vous risqueriez de laisser se développer chez lui des troubles du comportement allant de la crainte à l’agressivité, les deux allant souvent de pair », met en garde l’éleveuse. En revanche, si vous aimez les chiens « pot de colle » et sportifs, le briard est fait pour vous !

Le briard est un chien robuste dont la taille oscille entre 56 et 68 cm en fonction du sexe pour un poids variant de 27 à 40 kg selon le sexe, la taille et la corpulence. Sa robe est longue et présente une texture particulière dite « poil de chèvre », c’est-à-dire longue et flexueuse (mais pas frisée) avec un léger sous-poil. « Une bonne texture se reconnaît à un poil légèrement crissant quand on le frotte. Cela facilite grandement l’entretien du briard », détaille Noëlle Hay. Le poil peut être de couleur fauve, noire ou grise. Enfin, une autre particularité du briard est qu’il possède des doubles ergots aux pieds arrière.

Le briard est la race qui a connu la baisse la plus significative du point de vue des naissances. En 1986, il y avait plus de 6 300 inscriptions au LOF. En 2017, elles n’étaient plus que 342. D’après l’éleveuse, la mode du briard dans les années 1980 a conduit la race à sa perte. « Il y a eu beaucoup de mariages ne tenant pas compte du caractère des parents et entraînant des soucis (sujets agressifs ou, au contraire, trop peureux). Un gros travail a été effectué pour y remédier, comme des tests de caractère pour sélectionner les reproducteurs. Il y a eu aussi une perte de qualité du poil entraînant des difficultés d’entretien, le vrai poil « de chèvre » étant devenu assez rare. De plus, c’est un chien de grande taille, donc difficile à emmener partout (il sait pourtant se faire discret pour accompagner son maître). Et enfin, avec l’interdiction de couper les oreilles, sa tête a perdu en expression, si bien que beaucoup se sont détournés du briard. L’effet de mode est passé, laissant la race aux vrais passionnés. Un briard, ça se mérite », explique l’éleveuse.

Le caniche moyen

Christiane Hug

L’ancêtre du caniche ne serait autre que le barbet, qui chasse dans l’eau (comme les retrievers). Le caniche était lui aussi utilisé pour la chasse, notamment pour les canards. C’est de là que vient son nom. En anglais et en allemand, caniche (poodle/ pudel) signifie « sauter dans l’eau ». Il porte donc très bien son nom ! Le caniche moyen a des pattes « palmées », comme le labrador, le golden retriever ou le terre-neuve, ce qui fait de lui un très bon nageur. Le caniche moyen est à la base de la race du caniche. Il a su séduire les familles royales françaises au XVe siècle par son caractère et son physique.

Aujourd’hui, le caniche chasseur a laissé place au caniche de sport et de compagnie. C’est un chien rapide, vif, joyeux et intelligent qui sait s’acclimater à toutes les situations. « Il s’adapte à tout le monde et à différents environnements. Il sera aussi heureux en ville (avec des balades quotidiennes pour qu’il puisse se dépenser) qu’à la campagne », commente Christiane Hug, éleveuse de caniches moyens dans l’Allier (03).

Au niveau morphologie, le caniche moyen mesure entre 35 et 45 cm en fonction du sexe pour un poids allant de 10 à 15 kg. « En France, nous avons beaucoup de « petits moyens », ce qui veut dire que ce sont des caniches nains qui ont grandi », ajoute l’éleveuse. Ce sont des chiens qui ne perdent pas leur poil et qui ont besoin d’un entretien régulier (brossage et coupe). Il existe six couleurs de pelage : noir, marron, gris, abricot, blanc et rouge fauve.  Enfin, le caniche est un chien rustique et très résistant dépassant facilement les 15 ans.

Le caniche a vu ses effectifs fondre lentement mais sûrement, passant de 4 176 naissances en 1986 à 1 228 naissances en 2017. « Les gens recherchent des modèles de plus en plus petits, comme le caniche miniature », se désole l’éleveuse.

Le lévrier afghan

Hélène Bourcey

Comme son nom l’indique, le lévrier afghan est originaire d’Afghanistan. C’est une race très ancienne que l’on trouvait sur des peintures rupestres d’Orient datant de 2000 ans avant J.-C. Le lévrier afghan, comme beaucoup d’autres races de lévriers, a été créé pour la chasse. Cette race est un mélange de plusieurs autres races afghanes car les populations étaient nomades et bougeaient sans arrêt. Le lévrier afghan a été importé en Europe au début du XIXe siècle par des soldats anglais qui rentraient de la guerre anglo-afghane. En France, les premiers lévriers afghans sont arrivés en 1930 grâce à une passionnée.  

Le lévrier afghan est un chien-chat, très joueur et, contrairement aux croyances populaires, très intelligent. « Ne pas confondre intelligence et obéissance », insiste Hélène Bourcey, éleveuse retraité de lévriers afghans depuis, Philippe Larrigue a repris le flambeau dans le Tarn (81).

C’est un chien qui a besoin de beaucoup d’exercice et qui a tendance à courir après tout ce qui bouge. C’est un chien exclusif qui ne connaît que sa famille. « Si, jeune, il a tendance à aller vers tout le monde, adulte, il devient distant voire dédaigneux vis-à-vis des étrangers », ajoute l’éleveuse retraitée.  Le lévrier afghan a besoin de maîtres qui auront du temps à lui accorder et qui n’auront pas peur de sa fourrure abondante qui nécessite des soins réguliers. Enfin, il faudra prendre soin d’éduquer un afghan dès son plus jeune âge en insistant sur le rappel, comme avec tout chien de chasse. C’est un chien qui mesure entre 63 et 75 cm au garrot en fonction du sexe et peut peser de 20 à 30 kg.

Le nombre d’afghans connaît une chute spectaculaire depuis les années 1980. Alors qu’à cette date, il était une des races préférées des Français, avec 1 730 naissances inscrites au LOF, en 2017, il n’y en avait plus que 102. Un effet de mode qui est vite passé, sûrement en raison du temps qu’il faut pour entretenir son poil. « Un afghan entretenu est magnifique. En 1980, la demande était très importante car les futurs propriétaires ne voyaient que le bel afghan se promenant dans la rue, très fier avec sa démarche élastique, sans se rendre compte du temps qu’il fallait lui accorder. C’est aussi un chien que l’on peut difficilement lâcher dans la nature (sur une pelouse, oui, mais on apprend à éviter la campagne et les forêts, où les ronces peuvent s’enrouler dans la fourrure) car au retour, le brossage va prendre du temps. Enfin, son rappel peut laisser à désirer quand il voit quelque chose d’intéressant à courser. Aujourd’hui, les acquéreurs sont de vrais passionnés, ce qui, au fond, n’est pas plus mal », conclut Hélène Bourcey.

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