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Doit-on ou pas assister à l’euthanasie de son animal ?

Lorsque vient l’heure de la fin, beaucoup de maîtres refusent d’assister à l’euthanasie de leur animal. Pour un vétérinaire anglais, c’est même la majorité de sa clientèle. Pourquoi dire adieu à son ami à quatre pattes semble-t-il si difficile ? Que signifie ce refus de les accompagner jusqu’au bout ?

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Doit-on ou pas assister à l’euthanasie de son animal ?
Shutterstock

Ils ont été élevés, aimés, choyés, nourris, gâtés, soignés et pourtant, un jour, il faut leur dire adieu. Un instant déchirant que les propriétaires d’animaux ne voudraient jamais connaître. Récemment, un vétérinaire anglais a déclaré que 90 % des propriétaires ne voulaient pas être dans la salle lors de l’euthanasie de leur boule de poils. Peur de la mort ? Manque de force ? Refus du dernier adieu ? Thierry Bedossa, vétérinaire comportementaliste dans une clinique vétérinaire de Neuilly-sur-Seine, nous livre quelques réponses. 

AO : Un vétérinaire anglais a déclaré que 90 % des propriétaires d’animaux ne souhaitaient pas rester lors de l’euthanasie de leur animal. Comment l’expliquez-vous ?

Thierry Bedossa : Dans mon cas, c’est plutôt 50 %. Lorsqu’un maître vient pour une euthanasie, on lui demande systématiquement s’il souhaite rester. Une fois sur deux, il refuse. Pour moi, ça dépend de deux facteurs. Le premier est la manière dont le vétérinaire conduit le processus d’euthanasie. Dans ce moment-là, les propriétaires ont besoin d’un cadre empathique et de soutien. Le deuxième est inhérent à la relation entre le propriétaire et son animal. Aujourd’hui, les animaux de compagnie sont considérés comme des membres à part entière de la famille. La relation qu’on a avec notre animal est très forte, il y a quelque chose de très intime. Quand il meurt, mon expérience personnelle me fait penser que ça nous renvoie à des pertes très douloureuses et à être directement face à la mort. La douleur de la perte est telle que certains ne trouvent pas la force de rester. Moi-même, j’ai perdu un de mes animaux l’été dernier. Ma femelle labrador qui avait 13 ans. Elle avait un cancer en état de généralisation. Je l’avais confiée à une de mes assistantes qui est aussi une amie. Un jour, elle m’a appelé en disant que la chienne souffrait trop et qu’elle allait l’emmener à la clinique pour la faire endormir. Je n’ai pas pu y aller, je ne m’en sentais pas la force. J’accompagne quotidiennement des propriétaires en détresse, j’ai de la peine pour eux, mais je suis incapable d’affronter la mort de mes animaux car ça me renvoie systématiquement à la mort d’êtres très chers et ça me détruit. Chaque propriétaire réagit d’une manière qui lui est propre, cela ne s’explique pas. 

AO : Comment gérez-vous l’euthanasie d’un animal ?

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T.B. : Souvent, je propose aux propriétaires de faire des veillées, d’allumer des bougies ou de dormir auprès de leur animal pendant leurs derniers instants de vie. Au moment où je pratique l’acte d’une euthanasie, je dissocie toujours ce qui va altérer l’état de conscience de l’animal (anesthésie) et lui ôter la vie (injection létale). Je ne prends jamais cette décision seul. Je prends bien sûr en compte la volonté du propriétaire mais nous nous concertons aussi avec mes assistantes, mes confrères et mes consœurs. Je reste systématiquement à côté de l’animal, je le caresse, je lui fais des bisous. Je ne le laisse pas seul pendant sa mort. On ne laisse pas une bête mourir sans l’entourer. Une chose dont on n’est jamais sûr, c’est ce que pense l’animal à ce moment-là. J’ai vu des animaux mourir qui pouvaient me laisser penser qu’ils étaient sereins et d’autres qui avaient l’air tétanisés. 

AO : Quelle est la réaction du chien à ce moment-là ?

T.B : En général, les animaux que je vais euthanasier sont extrêmement faibles et en grande souffrance. Mais les réactions de l’animal dépendent de sa pathologie et de son état, c’est du cas par cas. Mais à chaque fois, on essaie d’être le plus doux possible. Si jamais je me retrouve confronté à un chien ou à un chat (que j’ai accepté d’euthanasier car ses souffrances n’étaient plus tenables) qui a la force de chercher son maître, ça veut dire que l’animal n’est pas dans l’état de conscience d’un individu qui souhaite partir puisqu’il réagit à un changement d’environnement. Donc, dans un contexte comme celui-là, je n’euthanasie pas. Ou alors je demande au propriétaire de revenir et de rester au moins jusqu’à ce que l’anesthésie soit faite. 

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Publié le 23 septembre 2018
4 minutes
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