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Intrusion dans un abattoir : 4 militants et un photographe condamnés

Quatre militants de la cause animale et un photographe ont été condamnés lundi à des amendes allant jusqu’à 3.000 euros par le tribunal correctionnel de Versailles pour s’être introduits en avril dans un abattoir porcin à Houdan (Yvelines).
– Avec AFP –

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Intrusion dans un abattoir : 4 militants et un photographe condamnés
Shutterstock

Les activistes devront s’acquitter d’une amende de 3.000 euros, tandis que le photographe indépendant, par ailleurs étudiant, a écopé de la même amende dont 2.000 euros avec sursis. Cinq mille euros d’amende, dont une partie assortie de sursis, avaient été requis à leur encontre. Ils devront par ailleurs solidairement verser 5.000 euros à l’abatteur pour son préjudice d’image. « Je ne comprends pas comment on peut faire application d’une justice à deux vitesses », s’est insurgé auprès de l’AFP l’avocat des prévenus Thomas Hellenbrand.

L’association va faire appel

Les enquêteurs de la gendarmerie avaient « clairement indiqué qu’en collaboration avec le ministère public, des individus seraient pris au hasard parmi les manifestants parce qu’il était impossible de tous les sanctionner », rendant ces interpellations « discriminatoires », a poursuivi le conseil. « Cette condamnation démontre qu’on souhaite à tout prix mettre un terme aux actions des associations antispécistes » en infligeant « plusieurs milliers d’euros d’amende à des citoyens au casier judiciaire vierge », a-t-il estimé, précisant qu’il allait faire appel.

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Son contradicteur, Nicolas Cassart, s’est pour sa part dit « satisfait » d’une décision sanctionnant « un acte illégal tout en étant proportionnée ». « C’est un avertissement » dans la perspective d’une éventuelle autre manifestation devant l’abattoir « afin qu’il n’y ait pas de débordement », a indiqué l’avocat.

Une opération qui se voulait pacifiste

L’opération organisée par l’association antispéciste 269 Libération animale, qui se voulait « pacifiste », s’était déroulée dans la nuit du 25 au 26 avril : 70 activistes, cagoulés pour certains, avaient tenté de bloquer l’activité de l’abattoir. Les manifestants avaient pénétré dans les locaux « en pleine nuit et vêtus de noir », il faut « imaginer la peur ressentie » par les salariés « quand ils les ont vus surgir sur leur lieu de travail », avait dit la procureur à l’audience en juillet. Le jeune photographe et une militante parisienne ainsi que deux autres activistes, absents au procès, étaient poursuivis pour « violation de domicile ». « On nous interdit de manifester légalement, on est obligé de choisir la désobéissance civile », avait argué la jeune activiste.

Militants d’un côté, directeur et employés de l’abattoir de l’autre en étaient venus aux mains la nuit des faits, les premiers accusant notamment le second d’avoir menacé avec un couteau le photographe qui filmait l’opération. Pour éviter que la situation dégénère, une cinquantaine de gendarmes avaient dû intervenir.

Les abattoirs Guy-Harang, derniers d’Ile-de-France, sont régulièrement la cible des antispécistes. Deux militants d’une autre association, L214, s’y étaient introduits en 2016 pour y placer des caméras filmant l’étourdissement des porcs au CO2 avant  abattage. Ils ont été condamnés à 6.000 euros d’amende, dont 5.000 avec sursis.  

Ces condamnations sonnent-elles la fin de ces associations ?

 » Aujourd’hui, on est dans un pays où il est légal de tuer, mais illégal de l’empêcher. L’Etat protège les activités économiques de ces lieux fermés dont les images ne doivent pas sortir. C’est pour cela que les condamnations sont de plus en plus fortes « , nous explique Brigitte Gothière, cofondatrice, porte-parole et directrice de l’association L214. Toutefois, à la question « ces condamnations peuvent-elles freiner les actions de ces associations « , la réponse est sans appel :  » Non. Clairement pas « .

Brigitte Gothière explique que les associations sont conscientes des risques qu’elles prennent :  » On s’expose, on prend des risques, mais on réfléchit toujours à nos actes, qui sont des actes pacifiques et nécessaires à l’information du public. Il est aujourd’hui primordial de soulever la question de ce rapport brutal avec l’animal « . Elle rappelle que ce sont 3 millions d’animaux qui sont tués tous les jours dans les abattoirs français.  » Il y a un tel enjeu qui nous dépasse. On sait que l’on se dresse en face d’une injustice, et ici l’injustice est non reconnue « .

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Publié le 11 septembre 2018
3 minutes
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