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Borias, le petit chat bonheur

Voici l’histoire d’un sauvetage inattendu qui a changé la vie d’un bébé chat –nommé Borias- comme celle de sa maîtresse.

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Borias, le petit chat bonheur
Sophie Coutouly

Par Sophie Coutouly

J’ai 29 ans, et depuis que je suis née, je passe tous mes étés chez ma grand-mère, au fin fond de l’Aveyron, dans un petit hameau de trois habitants nommé Pargues. Mon grand-père d’adoption, 82 ans et agriculteur retraité, a une ferme au petit village d’en bas, dans la vallée. Il n’y vit plus mais y passe ses journées pour s’occuper. J’y retrouve à chaque fois les vaches, les poules, les poussins… Et toute une tribu de chats sauvages. J’ai mes habitudes immuables pour ces vacances-là. Mes valises posées, je descends au village acheter mon stock de pâtée pour chats et me rends à la ferme pour voir combien de félins sont encore là, et si les chatons de l’année précédente ont survécu. Je retrouve ceux que je connais déjà, que j’ai affublés de petits noms… La Noiraude, Lalouche, Baya, etc. L’ été dernier, j’ai retrouvé les chats du coin qui rappliquent dès qu’on appelle « mimi, mimi » et qu’on cogne le fond d’une casserole.

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Je ne les vois qu’une ou deux fois par an, mais c’est à croire qu’ils se souviennent que je les nourris et les engraisse un maximum durant mes vacances… J’ai eu le plaisir de voir que les chats adultes et sédentaires étaient quasiment tous là. Au nombre de trois ou quatre, je les retrouve tous les ans. Les portées  elles, disparaissent. Il m’est arrivé souvent de retrouver des chatons écrasés sur le bord de la route, ou tués par des fouines ou belettes. Certains survivent et vont voir ailleurs… J’en ai fait adopter quelques-uns aussi…

Une rencontre émouvante

Mais cet été là, une belle portée de trois chatons roux en pleine forme s’est précipitée sur la pitance que je leur offrais. Je n’avais pas vu le tout petit chaton sale, aux couleurs de siamois, tapi dans un coin. C’est mon amie qui l’a trouvé, et attrapé alors qu’il feulait de toutes ses petites forces. Tout petit, la peau sur les os, il semblait seul au monde. Aucune des deux chattes aux mamelles pendantes ne s’occupait de lui. Il était donc orphelin. Intéressé par l’odeur de la pâtée, il ne parvenait pas à la manger. Pas sevré donc…

Sophie Coutouly. Rejeté par sa mère, le chaton a dû être sevré rapidement.

Une fois passé le choc d’un contact direct avec un être humain, on l’a observé. Il était tellement faible qu’il parvenait à peine à marcher. Ses yeux ne réagissaient pas. Je l’ai cru aveugle, un handicap impossible à surmonter pour un chat sauvage. Il me paraissait condamné, et j’avais en tout sept jours pour le remettre sur pattes et lui donner une chance de survivre à la ferme. Nous sommes redescendues au village acheter du lait pour chaton. Mais il ne parvenait pas à le laper. Nous l’avons donc nourri à la seringue. Il peinait même à faire ses besoins. Mon amie lui nettoyait deux fois par jour l’arrière-train pour le stimuler.

Devant le peu de temps que l’on avait devant nous pour le sauver, on a décidé de le sevrer au plus vite. Dès le deuxième jour, nous avons donc mélangé le lait à de la pâtée pour chat mixée, toujours en le gavant deux fois par jour. On ne pouvait pas faire plus. Mais il reprenait des forces tout doucement. On le voyait tous les jours. Il était plus vif, plus sûr sur ses pattes. Le quatrième jour, on a eu la surprise de le voir manger dans la gamelle des chats adultes. Il a lapé sans difficulté le lait qu’on lui a offert. Et là, pour nous, s’est posée la question. Que faire ?

Vers une nouvelle vie

Sophie Coutouly. Borias, en route pour une nouvelle vie.

Nos vacances s’achevaient, le petit chat allait mieux mais était encore très faible. Il avait des tonnes de parasites qui lui couraient dessus, jusque dans ses yeux. Qu’allait- il devenir quand nous serions parties ? Mon amie a commencé à émettre une hypothèse… Et si on le prenait avec nous ? C’était une question légitime, mais elle engendrait de nombreuses complications. Serions-nous capables d’offrir une belle vie à un chat sauvage, alors que l’on vivait en appartement, avec un golden retriever adorable, mais qui court après les chats de notre résidence, sans agressivité certes, mais juste pour jouer avec eux ? Arriverions-nous à les faire cohabiter ? En outre, nous ne connaissions rien de la santé de ce petit chaton. Était-il seulement viable ? Au vu de son jeune âge, de son côté amorphe, de sa maigreur, je n’étais même pas sûre qu’il soit « sauvable ».

Sophie Coutouly. Sans soins quotidiens, Borias n’aurait eu aucune chance de s’en sortir.

Nous avons donc décidé, deux jours avant de repartir en Bourgogne, d’emmener le petit chat chez un vétérinaire, pour avoir une idée de ce que serait sa vie. Sa vie si on le laissait à la ferme, sa vie si on tentait de l’adopter dans un environnement qui ne serait pas celui de sa naissance. Nous avions déjà un petit nom pour lui en tête, mais je m’interdisais de le prononcer, de peur de trop m’attacher. Il restait, pour nous, « le petit chat ». En attendant le verdict… Le docteur vétérinaire l’a examiné de fond en comble et nous a annoncé que « non, il n’est pas aveugle, juste tellement mal nourri et déshydraté qu’il en devient apathique », mais qu’à part ça, et le fait qu’il était infesté de parasites, il allait « bien ». Et devant la description que nous avons faite de sa future vie à la ferme si on l’y laissait, il a été sans ambiguïté : « seul, sans maman, sans maître, il ne survivra pas. Il est trop faible. » Et donc, si on le prend avec nous ? Il nous annonce que notre rôle sera du nursing, à savoir le nourrir, le veiller, le traiter contre les parasites, le faire grandir pour en faire un chat adopté et bien dans sa peau. Bref, ce que nous faisions déjà…

Sophie Coutouly. Calé sur un tissu, le chaton est embarqué chez le vétérinaire.

Durant le trajet du retour, il convenait maintenant d’appeler le chaton par son nouveau petit nom, à savoir Borias. Arrivé chez nous, Borias est devenu un chaton magique. Il n’a fallu qu’une nuit pour qu’il apprivoise sa litière. Affectueux au-delà du possible, il dormait contre nous, ronronnait à tout va. Des démonstrations d’affection à n’en plus finir. Et si nous l’avons, au début, séparé de notre chienne en notre absence, par mesure de sécurité pour lui comme pour notre golden, leur cohabitation a été d’une facilité déconcertante.

Sophie Coutouly. La cohabitation entre la chienne golden et Borias a été d’une facilité déconcertante.

Borias pour le meilleur

Mais le pire aussi. À six mois, juste après les fêtes de fin d’année, nous avons décidé de le faire castrer, pour son confort et le nôtre aussi. Rendez-vous est pris à notre clinique vétérinaire attitrée. Borias a un léger souffle au coeur diagnostiqué depuis son arrivée chez nous, on le rappelle au vétérinaire, et heureusement. Après l’avoir ré-ausculté, le véto décide de lui administrer un quart de l’anesthésie seulement pour voir sa réaction. Et elle a été sans appel. Nous avons reçu un coup de fil deux heures plus tard. Borias n’avait pas supporté la mini anesthésie. Il a fait un arrêt cardiaque, suivi d’un oedème pulmonaire. Le vétérinaire a pu le sauver de justesse. Mais plus question de le castrer. Son état cardiaque était trop préoccupant. Depuis, petit chat Borias est un vrai mâle qui réclame à corps et à cris une femelle, surtout quand les minettes de la résidence se prélassent devant notre porte-fenêtre !

Mais il reste un vrai bonheur, car malgré le fait qu’il ne soit pas castré, il se contente de marquer son territoire en se frottant partout, pas un pipi en dehors de sa litière ! Et s’il miaule et parle beaucoup, c’est certainement dû à son croisement avec un siamois, entre autres, et il se tait quand on lui dit « chut » ! Nous lui avons fait passer des analyses sanguines et une échographie cardiaque pour pouvoir appréhender son handicap, et maintenant il nous faut attendre la fin de sa croissance et son premier anniversaire pour le re-tester et avoir une meilleure idée de sa maladie. Soit son souffle au coeur reste bénin, soit son espérance de vie se trouvera largement écourtée par sa malformation du coeur. Deux ans, trois ans maximum à pouvoir profiter de sa présence dans nos vies.

Sophie Coutouly. Borias profite aujourd’hui pleinement de sa vie de félin malgré un problème cardiaque.

Mais même si petit chat Borias ne devait vivre que deux ou trois ans à nos côtés, si ses prochains examens devaient nous annoncer que sa présence serait éphémère, je sais qu’on lui aura offert une vraie vie de félin qui en vaudra certainement neuf… On ne regrettera rien. On fera avec. On l’aime. Il est et restera notre chat bonheur, notre chat magique.

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