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Fermes à sang de juments : les ONG interpellent les laboratoires

Plusieurs ONG demandent aux laboratoires de cesser de s’approvisionner dans des fermes où des juments subissent un véritable calvaire pour que soit prélevée une hormone dans leur sang, utilisée dans les élevages en France.

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Fermes à sang  de juments : les ONG interpellent les laboratoires
Capture écran vidéo Welfarm

Le scandale des fermes à sang se poursuit et les ONG interpellent les laboratoires qui s’approvisionnent dans ces différentes structures, basées en Uruguay et en Argentine. Une nouvelle vidéo a été tournée dans 5 fermes, entre janvier et avril 2018, par les associations TSB (association suisse) et AWF (Allemagne). Elle est relayée en France par l’association Welfarm.

Les fermes épinglées fonctionnent toutes sur le même principe : « Pendant deux mois et demi, des juments gestantes subissent des prélèvements sanguins massifs hebdomadaires. Elles sont ensuite avortées, mises à la reproduction et saignées à nouveau. Et ainsi de suite jusqu’au départ pour l’abattoir » détaille Welfarm.

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En cause, une hormone, l’eCG (gonadotrophine chorionique équine), largement utilisée dans des élevages porcins, bovins, caprins ou ovins à travers le monde, et notamment en Europe, pour faciliter les reproductions. Une hormone  présente dans le sang des juments, uniquement lors de leur premiers mois de gestation. D’où les grossesses, et les avortements à répétition. Un principe que dénoncent les associations, en même temps que les mauvais traitements que subissent les juments, au-delà du processus de ponction de leur eCG. Sur la nouvelle vidéo diffusée par l’association, tournée en caméra cachée, on peut voir des juments, gestantes, frappées et violemment immobilisées.

Il s’agit de la troisième enquête vidéo dénonçant ce scandale. Des premières images ont été tournées en 2015, puis les deux ONG suisse et allemande sont retournées dans des fermes en Uruguay en 2017, puis dans des fermes en Uruguay et en Argentine en 2018.

La fiablité des inspections remise en question

Pour agir, les associations ont demandé à rencontrer les laboratoires, premiers clients de ces fermes à sang. « En 2017, la France a importé pour 5,12 millions de dollars d’eCG à Syntex-Uruguay » indique Welfarm. Parmi les laboratoires commercialisant l’eCG en France, se trouve le laboratoire espagnol HIPRA, l’américain MSD qui a indiqué avoir renoncé à s’approvisionner en Amérique du sud, et le laboratoire français CEVA. Ce dernier a accepté de rencontrer Welfarm à la rentrée selon l’association.

Ceva a indiqué avoir mené des audits dans la ferme Syntex Argentine depuis 2015. Ils n’auraient révélé aucune forme de maltraitance animale rapporte le laboratoire. Un constat en totale contradiction avec les enquêtes en caméras cachées menées par les ONG. « Ces audits ne sont pas fiables. Souvent programmés à l’avance, ils ne montrent pas la réalité des fermes à sang, sans compter que les laboratoires qui les réalisent ont des intérêts financiers convergents avec les fermes qu’ils inspectent » détaille Adeline Colonat de Welfarm, qui plaide pour des audits externes et indépendants. 

Suite à la diffusion de ces nouvelles images mettant en cause la ferme Syntex Argentine, Ceva a réagi par communiqué : « Ces images nous sont insupportables et les pratiques qu’elles montrent sont intolérables pour une entreprise comme la nôtre. (…) Si malgré toutes les mesures mises en place nous avions la confirmation de la véracité de ces images, Ceva cesserait définitivement de s’approvisionner chez Syntex. »

Une mobilisation citoyenne

En attendant, Welfarm a décidé d’organiser une mobilisation citoyenne pour sensibiliser l’opinion, faire cesser le calvaire des juments dans les fermes à sang et inciter les laboratoires à développer des alternatives à l’eCG. « Le jour de la diffusion de la nouvelle vidéo, le 19 juillet, nous avons mis en place un stand de sensibilisation à Paris, place de la République, indique Adeline Colonat. Si quelques personnes avaient déjà entendu parler de ces fermes à sang, la plupart des gens découvraient le phénomène et étaient effarés de ce qu’il se passe. Beaucoup de personnes se sont mobilisées sur les réseaux sociaux et notre pétition pour mettre fin aux fermes à sang épinglées a récolté plus de 4000 signatures en 24h. »

Des alternatives à l’ECG

Si les ONG mobilisent le grand public et interpellent les laboratoires, ainsi que les éleveurs, c’est que pour l’heure, il semble difficile de trouver un cadre légal pour mettre fin à l’existence de fermes à sang en Amérique du Sud, depuis l’Europe. « La commission européenne nous a indiqué qu’elle n’avait aucune base légale pour imposer des conditions sur le respect animal dans des pays tiers. On s’interroge donc sur ce qu’il serait possible de faire au niveau de la législation française » détaille Welfarm.

En parallèle, l’association milite pour que des alternatives à l’eCG soient développées. Car pour le moment, cette hormone est largement utilisée dans les élevages ovins, caprins et même porcins en Europe et en France. « Nous procédons par étape : pour nous le problème le plus urgent à régler est de sortir les juments des enfers des fermes à sang affirme Adeline Colonat. Puis il faut développer des alternatives à l’eCG pour ne pas que le problème se répète. Mais au final, c’est bien-sûr le principe même de l’utilisation d’hormones à la place de procédés naturels que nous remettons en cause. C’est tout le principe de l’élevage intensif qui est à revoir. »

Pour l’heure, la Suisse a développé un alternative à l’eCG, qui est une combinaison de deux molécules synthétiques. En France,  des chercheurs du laboratoire de l’INRA de Tour « ont breveté une molécule dont les effets, proches de ceux de l’eCG, s’avèrent prometteurs chez la chèvre et la brebis, fait savoir Welfarm, tout en précisant : Sa mise sur le marché exigerait un investissement financier de la part des laboratoires … »

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