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L’« extension rapide » du loup est-elle une bonne nouvelle ?

Un nouveau bilan de suivi de loup en France fait état d’une population d’environ 430 individus, soit 70 de plus qu’en 2017. Une nouvelle encourageante pour le loup, qui va cependant devoir faire face à une augmentation des tirs…

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L’« extension rapide » du loup est-elle une bonne nouvelle ?
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Le nombre de loups augmente en France. Le bilan de suivi hivernal publié par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) fait état d’un effectif estimé à 430 loups en France, avec un nombre croissant de zones de présence permanente de l’animal. « Tous les indicateurs dont dispose le réseau Loup/Lynx […] indiquent que l’espèce est en phase d’expansion rapide sur l’ensemble du territoire national, fait savoir l’ONCFS dans un communiqué. En sortie d’hiver 2017-2018, l’effectif estimé était d’environ 430 individus (intervalle de prédiction : 387-477), soit un taux de croissance  annuel de près de 20 % », précise par ailleurs l’organisme.

Le nombre de loups était estimé, en 2017, à 360 individus sur notre territoire. Cette augmentation de 70 loups est donc un signe positif pour les associations. « C’est une bonne nouvelle parce que cela signifie que la population de loups se maintient et continue d’évoluer malgré les tirs, a réagi Madline Reynaud, directrice de l’Aspas. Nous avons eu de grosses craintes ces dernières années sur les conséquences que les tirs autorisés peuvent avoir sur l’état des populations de loups. Il reste donc rassurant de voir que les chiffres progressent. »

3 à 10 loups supplémentaires pourraient être abattus

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Cependant, derrière cette annonce encourageante pour la conservation de la faune sauvage en France, se trouve une situation encore très fragile pour le Canis lupus. « Cette année, le plafond d’abattage est fixé à 40 loups, mais il pourrait être « actualisé » et porté à 10 % de la population. 10 % de 430… 3 loups susceptibles d’être tués en plus ? » s’interroge l’ASPAS sur son compte Twitter.

En effet, le nouveau Plan national d’action (PNA) Loup, adopté par le gouvernement pour la période 2018-2023, prévoit que le plafond annuel d’abattage de loups autorisé ne peut dépasser les 10 % de la population sur la base de recommandations scientifiques, avec « possibilité de relèvement de 2 % par le préfet coordonnateur en cas d’atteinte du plafond avant la fin de l’année civile et de dommages particulièrement importants. »

L’augmentation du nombre de loups constatée par l’ONCFS devrait donc entraîner une augmentation des tirs autorisés. « Le plafond, aujourd’hui fixé à 40, devrait passer de 43 à 50 loups à abattre, déplore Madline Reynaud. Sans compter que si ce plafond est atteint, des tirs de défense simple peuvent encore être autorisés. Combien de loups vont être tués alors que les populations sont loin d’être viables ? » 

Plus de 2 000 loups en France, une utopie ?

Le plan loup se donne comme objectif d’atteindre une population de 500 individus d’ici à 2023. « Une fois l’objectif atteint, le dispositif de gestion de la population de loups sera réexaminé », indique le gouvernement. Le problème pour les associations est que ce chiffre de 500 a été fixé sans prendre en compte les recommandations des nouvelles études réalisées sur la viabilité du loup. Dans L’expertise scientifique collective sur le loup en France, publiée en mars 2017 par l’ONCFS et le Muséum national d’histoire naturelle, il est précisé que pour que la présence du loup en France soit assurée, cela nécessite des effectifs bien plus élevés que 500 individus.

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La taille minimale de population viable (TMPV) efficace « de 500 a longtemps été considérée nécessaire pour préserver le potentiel évolutif et réduire suffisamment les problèmes de dépression de consanguinité. Les généticiens considèrent aujourd’hui qu’il s’agit d’une sous-estimation », indique l’expertise. Les connaissances scientifiques actuelles recommandent un « effectif minimal à atteindre de l’ordre de 2 500 à 5 000 individus matures sexuellement ». La France apparaît ainsi encore loin du compte avec sa population actuelle de loups composée de 430 individus.

Braconnage et meutes désorganisées : les pressions qui pèsent sur le loup

Si la population de loups continue de croître, l’animal doit aussi faire face, outre les tirs autorisés, à des menaces pouvant avoir des conséquences directes sur sa viabilité. À commencer par le braconnage, un phénomène qui inquiète l’ASPAS. « Depuis le début de cette année, 8 loups ont été abattus « légalement ». Un cas de braconnage a été avéré et décompté du plafond de 40 loups. Mais 9 loups ont été tués sans que l’on puisse prouver quoi que ce soit. Dans ce cas, ces morts sont considérées comme naturelles et ne sont donc pas décomptées du plafond. Or nous savons qu’il est très difficile de prouver les cas de braconnage. Notamment lorsque des loups sont empoisonnés délibérément, perdent leurs repères et leurs capacités, et se retrouvent victimes de collisions routières », détaille Madline Reynaud.

Autre sujet d’inquiétude pour l’association, l’éclatement des populations de loups lié à la politique de tirs autorisés sur le Canis lupus menée depuis des années par le gouvernement. « Le nombre de loups augmente mais les meutes comptent de moins en moins d’individus et sont de plus en plus éparpillées en France, constate la directrice de l’association. On a ainsi à faire à des loups isolés, qui vont avoir tendance à se rabattre sur des proies plus faciles à attraper que des animaux sauvages. » Comme les moutons d’un troupeau, par exemple…

L’unique loup du Larzac échappe aux tirs

À la demande de l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages), le tribunal administratif de Toulouse a suspendu en urgence un arrêté du préfet de l’Aveyron qui autorisait l’abattage par « tirs de défense renforcée » du seul loup identifié sur le secteur du Larzac, fait savoir l’association. Le juge en référé relève « qu’il y a urgence à empêcher l’abattage du seul loup identifié sur le secteur du Larzac, abattage qui serait bien sûr irréparable, et que, parallèlement, le préfet n’établit pas que la présence du loup mettrait en péril l’activité de l’élevage concerné ni ne compromettrait la pérennité de l’élevage ovin dans le département de l’Aveyron », peut-on lire dans le communiqué.

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