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Les bacheliers planchent sur le rapport homme-animal

Le sujet du bac de français 2018, soumis aux élèves de première des filières S et ES, avait pour thème les hommes face aux animaux. Les élèves ont notamment été amenés à s’interroger sur la cruauté des hommes, et le droit des animaux.Avec AFP.

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Les bacheliers planchent sur le rapport homme-animal
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La Fondation 30 Millions d’Amis y voit « un signe des temps » des plus encourageants : le baccalauréat de cette année a mis en avant la question du rapport de l’homme à l’animal. Le sujet du bac de français, soumis lundi 18 juin aux candidats des bacs S et ES, en a ainsi étonné plus d’un. « J’ai jamais autant défendu la cause animale que pendant ces 4 h », pouvait-on lire sur Twitter, où le sujet a beaucoup fait réagir, ou bien encore « Pour une fois que les sujets de bac traitent de sujets d’actualité et surtout de la protection animale ! Une grande avancée ! »

Le corpus présenté aux élèves proposait quatre textes de grands auteurs classiques, tous en rapport avec l’animal : des extraits tirés des Essais de Montaigne, du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau, l’article « Bêtes » écrit par Voltaire pour le Dictionnaire philosophique et « Qui sait si l’âme des bêtes va en bas ? » tiré du Temps, ce grand sculpteur de Marguerite Yourcenar.

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Les candidats devaient ensuite, au choix, commenter l’article de Voltaire, disserter sur le sujet : « La littérature vous semble-t-elle un moyen efficace pour émouvoir le lecteur et dénoncer les cruautés commises par les hommes ? » ou écrire un article cherchant à montrer la nécessité de promulguer une Déclaration des droits de l’animal. Alors que le statut de l’animal, désormais reconnu comme un être sensible, a récemment évolué dans le Code civil, que les lanceurs d’alertes tels que l’association L214 font prendre conscience de la souffrance des animaux dits de rentes, que les scientifiques nous mettent en garde contre la sixième extinction de masse des espèces ou bien encore que les animaux de compagnie sont de plus en plus considérés comme des êtres à part entière au sein des familles, ce bac de français fait fortement écho à l’actualité.

Il a également le mérite de nous faire découvrir ou redécouvrir les textes de grands penseurs et les questionnements sur notre rapport à l’animal qui, eux, ne datent pas d’hier. Au XVIe siècle, Montaigne exprimait dans ses Essais son rejet de la vénerie, un « spectacle très déplaisant », tandis qu’au XVIIIe siècle, Voltaire s’attaquait « à la théorie élaborée par Descartes selon laquelle les animaux sont des « machines » », et Rousseau reconnaissait déjà le caractère sensible de l’animal ! Plus proche de nous, Marguerite Yourcenar nous laisse un très beau texte, fort et engagé, paru dans un essai de 1983.

« Tu ne feras pas souffrir les animaux, ou du moins tu ne les feras souffrir que le moins possible. Ils ont leurs droits et leur dignité comme toi-même », est assurément une admonition bien modeste ; dans l’état actuel des esprits, elle est, hélas, quasi subversive. Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté, qui d’ailleurs ne s’exercent si souvent contre l’homme que parce qu’elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, puisqu’il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures, si nous n’avions pas pris l’habitude de fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en route vers l’abattoir, moins de gibier humain descendu d’un coup de feu si le goût et l’habitude de tuer n’étaient l’apanage des chasseurs. Et dans l’humble mesure du possible, changeons (c’est-à-dire améliorons s’il se peut) la vie.*

* Marguerite Yourcenar, Le Temps, ce grand sculpteur, « Qui sait si l’âme des bêtes va en bas ? » (1983)

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Publié le 19 juin 2018
4 minutes
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