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Y aura-t-il de nouveaux ours dans les Pyrénées en 2018 ?

Le gouvernement étudierait un programme de renforcement de la population d’ours dans le Béarn, où la situation du plantigrade est critique. Face à l’urgence, les associations espèrent un lâcher d’au moins deux ourses dès cette année.

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Y aura-t-il de nouveaux ours dans les Pyrénées en 2018 ?
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C’est le moment ou jamais : pour les associations, 2018 pourrait bien être l’année où de nouveaux ours seront lâchés dans les Pyrénées afin de faire face à la situation critique de ce grand mammifère sur notre territoire. Parmi les signaux favorables, une lettre, adressée par le Premier ministre, Édouard Philippe, à la députée des Hautes-Pyrénées, Jeanine Dubié, lui indiquant que des « réintroductions d’ours en Béarn » sont bien à l’étude au gouvernement (information relayée par le journal La République des Pyrénées).

Les défenseurs de l’ours espèrent que le gouvernement va franchir le pas dès cette année. Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, « n’a jamais caché son parti pris en faveur du lâcher d’ours en Béarn, et les déclarations d’intention d’Emmanuel Macron avant son élection vont également dans ce sens », rappelle Sabine Matraire, vice-présidente et coordinatrice ours de l’association Férus. 2018 apparaît comme l’année idéale pour concrétiser ces engagements, car dès 2019, les élections s’enchaînent. À commencer par celles des chambres d’agriculture, en janvier prochain, qui risquent fort de raviver les contestations car « s’opposer à l’ours est un sujet très fédérateur pour les syndicats agricoles », souligne Sabine Matraire. En mai 2019 auront également lieu les élections européennes puis, chaque année jusqu’en 2022, date de la prochaine présidentielle, se succéderont les scrutins (municipaux, départementaux et régionaux). Il sera alors plus difficile d’obtenir un consensus politique autour du renforcement de la population d’ursidés. Une action pourtant nécessaire pour éviter que l’ours ne disparaisse encore une fois de notre territoire. « C’est un peu une course contre la montre », pointe la militante Férus.

Un sauvetage d’urgence pour les ours du Béarn

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De fortes menaces pèsent en effet sur la viabilité de la population de plantigrades sur notre territoire. On compte deux noyaux d’ours en France, l’un dans les Pyrénées centrales, où vivent 27 individus, et l’autre dans la région du Béarn, dans les Pyrénées occidentales, où l’on compte seulement deux ours mâles, Néré, 20 ans, et son fils Cannellito, 13 ans. L’urgence est donc de renforcer ce deuxième noyau, considéré comme « virtuellement éteint » puisque, en l’état, il n’y a pas de possibilité de reproduction. « Si on n’introduit pas de femelles, c’est la mort programmée pour la population d’ours dans cette région », prévient Yvon Le Maho, qui a présidé une expertise collective du Muséum national d’histoire naturelle sur l’ours brun dans les Pyrénées. Selon les résultats rendus en 2013, cette étude recommandait, pour les Pyrénées occidentales, un lâcher en plusieurs étapes de 10 femelles et 5 mâles dans un scénario idéal et, au minimum, un lâcher de 4 femelles en même temps. Ces renforcements doivent dans tous les cas être effectués « très rapidement » étant donné «  l’incertitude maximale autour du devenir à court terme de cette population où il n’y a que deux mâles ».

« L’État aurait fait le choix d’un lâcher de deux femelles seulement dans le Béarn. C’est insuffisant, mais ce serait déjà le début de la restauration du noyau occidental »,  fait valoir Sabine Matraire, tout en soulignant que Férus continuera de demander de nouveaux renforts de la population d’ours dans les Pyrénées occidentales, où il y a urgence, mais également dans les Pyrénées centrales, où la situation est différente mais néanmoins urgente. « Le nombre d’individus fondateurs y est très faible, rappelait à notre magazine le président de l’association Pays de l’Ours-Adet, Alain Reynes, en mai 2017*. Il y a besoin de sang neuf pour éviter les problèmes de consanguinité qui mettent en danger les performances de reproduction. Il suffirait, à l’heure actuelle, d’introduire seulement deux ou trois ours pour rendre la situation viable. Mais plus on attend, plus il faudra en lâcher », prévient-il.

Pressions européennes et réappropriations locales

Classé depuis 2009, en France, parmi les espèces en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’ours brun devrait atteindre, selon l’ONG, une population de 250 individus matures pour que l’espèce soit considérée comme hors de danger au niveau national. La France, avec sa trentaine d’ours, est actuellement encore loin du compte. Or, la conservation de l’ours est une obligation européenne depuis 1992 et l’adoption de la directive « Habitat-Faune-Flore ». La Commission européenne a ainsi interrogé le gouvernement d’Édouard Philippe sur la question de l’ours en France. Une procédure d’infraction a déjà été émise contre la France, mise en demeure en 2012 pour « manquement à ses obligations de protection de l’ours brun des Pyrénées ». La Commission européenne exerce ainsi une pression sur notre pays pour qu’il se dote d’une véritable politique de restauration et de conservation des ours dans les Pyrénées.

La présence de l’ours en France est aussi soutenue localement. Certes, les oppositions sont toujours très vives, mais elles ne seraient pas majoritaires selon Sabine Matraire. « On peut observer une véritable réappropriation de l’ours par les populations locales mais également par les touristes », observe-t-elle. Le bilan de l’opération d’information et de sensibilisation « Paroles d’ours », menée chaque année depuis 2008 par Férus, va dans ce sens. L’association explique dans un communiqué avoir constaté « un excellent accueil sur le terrain [et ce] dès les premiers jours de la 1re édition du programme ». Un succès « jamais démenti depuis. Partout dans les Pyrénées, nous n’avons trouvé que de fortes majorités favorables à l’ours », ajoute Férus. Tous les voyants semblent être au vert pour accueillir de nouveaux ours sur notre territoire.  

* Magazine 30 Millions d’amis numéro 351 – mai 2017.

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Publié le 14 février 2018
5 minutes
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