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L’ONU demande à l’Espagne d’interdire les corridas aux enfants

Dans un rapport rendu le 8 février, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU reconnaît le caractère violent des corridas et demande à l’Espagne, comme cela avait été le cas pour plusieurs autres pays, d’en interdire l’accès aux mineurs.

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L’ONU demande à l’Espagne d’interdire les corridas aux enfants
Shutterstock

L’ONU demande à nouveau à ce que les enfants de moins de 18 ans soient exclus des corridas, que ce soit en tant que spectateurs ou en tant que toreros. Dans un nouveau rapport périodique consacré à l’Espagne et publié le 8 février, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU (CRC)* s’inquiète en effet des « effets nocifs » de la tauromachie sur les mineurs dans sa partie consacrée aux violences faites aux enfants. Il demande à ce que les enfants ne soient pas exposés à ces manifestations violentes. Les mêmes conclusions avaient déjà été rendues par le CRC lors de rapports consacrés à six autres nations où les corridas sont pratiquées, dont la France et le Portugal.

Les écoles taurines dans le collimateur

« L’impact symbolique de ces nouvelles recommandations de l’ONU est évident, s’agissant du pays où est né la tauromachie, l’Espagne, a réagi Roger Lahana, secrétaire de la Fédération des luttes pour l’abolition des corridas (FLAC) et président de l’association No Corrida. Reste à espérer que ce rapport aura un effet, ajoute-t-il. À l’heure actuelle, cela n’a été que très marginal, voire inexistant, dans les autres pays déjà concernés. Il n’empêche que ce désaveu officiel de la plus haute instance représentant la communauté internationale vis-à-vis de la tauromachie, en particulier à l’encontre de l’Espagne, est un pas de plus vers son abolition ».

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Les préoccupations et recommandations rendues par le CRC ont en effet seulement valeur d’observation, et rien n’oblige les États à mettre en œuvre les réformes demandées. En outre, comme l’a souligné en conférence de presse Gehag Madi, représentant du comité, le CRC ne se positionne pas contre la tauromachie en général et ne demande pas l’abolition de cette pratique, bien qu’elle soit reconnue violente. Pour les experts, ce sont avant tout les enfants qui doivent en être protégés, particulièrement les mineurs formés dans les écoles taurines. On en compte encore une cinquantaine en Espagne, pays où la corrida est inscrite sur la liste du « patrimoine culturel immatériel » national.

Une préoccupation similaire pour la France

Cette nouvelle recommandation du CRC n’a pas manqué de faire réagir les associations en France, où le comité avait également demandé, en 2016, à ce que les enfants soient protégés des violences des corridas. Thierry Hély, président de la FLAC, a publié une lettre ouverte au maire de Béziers, Robert Ménard. « Dans la mesure où la mairie de Béziers a versé 140 000 euros sur 5 ans pour son école taurine, où l’on apprend à des enfants toreros l’art de tuer de jeunes animaux, avez-vous l’intention, en conformité avec l’esprit du Comité des droits de l’enfant, d’accorder toujours ces subventions considérables ? » interroge-t-il.

Les subventions reçues par l’école de Béziers lui permettent de dispenser gratuitement ses cours aux enfants. Il existe en France quatre autres écoles taurines : une à Arles, une autre à Aire-sur-l’Adour et deux à Nîmes. Selon la FLAC, il serait possible d’y inscrire les enfants dès l’âge de 8 ans, et les « meilleurs » élèves commenceraient à tuer leurs premiers veaux dès l’âge de 14 ans. Un entraînement se pratiquant sur des terrains privés, à l’abri des regards, car ces « coups d’essais » sont de véritables massacres, selon les témoignages recueillis par la FLAC.

Une pétition pour l’abolition de la corrida

Interdire l’accès des enfants de moins de 18 ans aux corridas et interdire la formation d’enfants dans les écoles taurines pourraient être les premiers pas vers une interdiction totale des courses taurines sur notre territoire. « C’est en inculquant aux enfants le respect de la vie sous toutes ses formes et le rejet de toutes les maltraitances et cruautés envers leurs semblables et les animaux qu’ils deviendront des adultes meilleurs », avait réagi Reha Hutin, la Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis, en 2014, lors de la première prise de position du CRC contre la présence d’enfants aux corridas.

La Fondation, « qui soutient toutes les actions pour faire disparaître ces spectacles de sang et de torture »,  a par ailleurs lancé une pétition « Pour l’abolition de la corrida » en France. Interdite sur notre territoire, la corrida est cependant tolérée dans 10 départements du Sud, au nom d’une « tradition locale ininterrompue ». Selon un sondage Ifop de 2017 commandé par l’Alliance anti-corrida, les trois quarts des habitants de ces départements sont cependant opposés à la corrida.

* Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU est un groupement d’experts indépendants chargé de contrôler l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations unies par les gouvernements ayant ratifié la Convention.

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Publié le 13 février 2018
4 minutes
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