Publicité
  • Accueil
  • Chiens
  • Animaux connectés : véritables innovations ou simples gadgets ?

Animaux connectés : véritables innovations ou simples gadgets ?

De la gamelle à la litière, aujourd’hui presque tous les accessoires pour chiens et chats sont déclinés en version « connectée ». Ces objets high-tech permettent d’interagir avec eux à distance, de suivre leur moindre battement de cœur ou de les localiser à tout moment : autant de données utiles et prometteuses, à condition de savoir s’y retrouver dans ce marché en plein essor.

Partager cet article :
Publicité
Animaux connectés : véritables innovations ou simples gadgets ?
Shutterstock

Avez-vous déjà entendu parler de gamelle connectée, de panier intelligent, de tracker d’activité ou bien encore de caméra-distributeur-de-croquettes-et-pointeur-laser ? Ces accessoires high-tech se développent de plus en plus, portés par un marché de l’animal de compagnie en plein essor dans les pays occidentaux. Non seulement le nombre de chats et de chiens domestiques augmente – en France, on compte désormais une population de 13,5 millions de chats et 7,4 millions de chiens* – mais nos petit compagnons sont désormais largement considérés comme des membres à part entière de nos familles. De plus en plus choyés et de mieux en mieux soignés, ils suivent de plus près les évolutions de nos modes de vie : et pour eux aussi, les nouvelles technologies tendent à devenir incontournables.

Des start-up, mais aussi des géants de la tech, ont bien saisi cette tendance et développent des objets dits « connectés » ou « intelligents » à destination des propriétaires d’animaux. Mais face au développement de cette offre, et avec le peu de recul dont nous disposons, il reste difficile de différencier les outils véritablement utiles pour nos animaux des gadgets aussi coûteux que futiles…

Shutterstock

E-santé et géolocalisation : les deux secteurs les plus prometteurs

Publicité

Pour Muriel Alnot docteur vétérinaire et comportementaliste, l’essor des objets connectés pour les animaux est une tendance dont on peut se réjouir. « Pour moi, cela va dans le bon sens, à partir du moment où tous ces objets dotés de nouvelles technologies s’appuient sur de vrais éléments fiables et exploitables », analyse-t-elle. Le secteur de la santé semble de ce point de vue particulièrement porteur. Des start-up, notamment françaises et regroupées dans ce que l’on appelle la « French Pet Tech », explorent ce nouveau domaine. C’est notamment le cas de Catspad qui s’apprête à commercialiser un distributeur automatique de croquettes pour chats. Ce dernier permet de programmer et de contrôler les rations alimentaires, même à distance, mais également de récolter toutes les données concernant la consommation des félins et de les partager avec le vétérinaire. « L’idée de Catspad est notamment née d’un constat : 40 % des chats domestiques sont obèses en France, et ils sont 60 % aux États-Unis », détaille Maïwenn Salaun, directrice marketing de la marque. « Ces chiffres frappants montrent le réel besoin d’un meilleur contrôle de la nourriture pour la santé de nos chats ».

« Les nouveaux outils développés autour des gamelles connectées me semblent très prometteurs, évoque de son côté Muriel Alnot. Cela peut se révéler très utile pour les animaux diabétiques, par exemple. Ces objets connectés, en permettant un meilleur suivi de l’animal, peuvent aussi et surtout éviter l’apparition de problèmes de santé. Comme pour les humains, la médecine animale évolue vers plus de prévention des maladies. »

Autre secteur où les objets connectés pour animaux sont promis à un bel avenir : la géolocalisation. Il existe aujourd’hui différents colliers connectés (comme Weenect, Octopepper ou Geonimo) équipés de balises GPS pour savoir où se trouve son animal en temps réel. « C’est pour moi le domaine qui va se développer le plus rapidement, observe Antoine Bouvresse, vétérinaire comportementaliste. Tous les propriétaires d’animaux fugueurs ou chasseurs ayant passé des heures à la recherche de leur compagnon ont rêvé d’avoir de tels outils ». 

Un atout pour mieux les comprendre

Les caméras de surveillance, permettant d’observer son animal lorsque le propriétaire est absent, ont également le vent en poupe. Le principal mérite de ces dispositifs est d’offrir une observation continue de son animal, ce qui permet de mieux le comprendre. « Lorsque des propriétaires se trouvent confrontés, par exemple, à un chien qui déchire les coussins de la maison en leur absence, il est important de savoir quelle est l’origine de ce comportement, explique Antoine Bouvresse. Est-ce que l’animal déchiquette du tissu par ennui ou par anxiété ? Si l’on parvient à déterminer la cause du problème, cela va induire une prise en charge très différente. Pour cela, on utilise déjà depuis longtemps de simples caméras, que l’on déclenche tout au long de la journée pendant l’absence du maître. Mais le visionnage se révèle par la suite long et fastidieux. Le mérite des nouveaux outils comme les caméras équipées de détecteurs de mouvement, qui ne se déclenchent qu’à certains moments, peuvent nous permettre d’être beaucoup plus efficaces ».

Des animaux connectés, jusqu’à un certain point

La plupart de ces caméras, développées par PetCube, Petzi ou bien encore les Français de CamToy, sont également dotées de systèmes permettant d’interagir à distance avec son animal : en lui distribuant des croquettes, en jouant avec un pointeur laser, ou bien encore en lui parlant à travers un micro ou un écran. Pour Muriel Alnot, chercher à stimuler un animal tout au long de la journée même en l’absence physique du propriétaire est, en soi, une démarche positive. Reste à savoir à quel point nos animaux sont sensibles à ce type d’accessoires. « Des études ont montré que le chien est capable, sur une photo ou un écran, de faire la différence entre une vache, un humain ou l’un de ses congénères. Mais on ne sait pas si le chien est capable de reconnaître, via un écran, son propriétaire en tant que tel », souligne-t-elle.

Il se peut également que l’animal se lasse plus ou moins rapidement de ces dispositifs. « Si un chien comprend qu’avec un écran il ne pourra pas avoir de véritable interaction, de contacts physiques, qu’il ne reconnait pas d’odeur ou bien encore que la voix de son maître lui semble altérée, il peut vite se détourner de l’objet qu’on lui propose. Cela ne signifie pas qu’il n’est pas assez évolué pour ce type d’accessoire high-tech, mais simplement que cela ne l’intéresse pas ou plus ».

Shutterstock

Rassurer et accompagner les propriétaires

Cette tendance des accessoires connectés pour animaux cible avant tout les propriétaires, il ne faut pas le perdre de vue. Ces produits permettent de les rassurer, de les déculpabiliser en leur offrant du temps supplémentaire avec leurs compagnons, ou bien de les aider à prendre soin de leur santé. « Par exemple, les objets permettant de programmer et de doser la nourriture, et de vérifier ce que l’animal a effectivement mangé ou non, sont un vrai soutien pour les propriétaires d’animaux malades. Sans l’aide de ces nouveaux objets, un véritable suivi de l’animal demande une implication du maître presque impossible », avance Muriel Alnot.

À travers le développement des objets connectés, c’est donc aussi la question des évolutions des liens entre l’homme et l’animal qui se pose. Les nouvelles technologies sont susceptibles de modifier les comportements des propriétaires, en bien (en assurant un meilleur suivi de sa santé) ou en mal : ainsi, la simple surveillance peut dévier vers un contrôle exagéré, ou la possibilité de stimuler, nourrir, jouer ou encore parler à son animal à distance peut in fine décharger certains propriétaires de leurs responsabilités. « Il n’y a pas de mauvais outils, il n’y a que de mauvais utilisateurs », résume Antoine Bouvresse.

Shutterstock

Le produit miracle n’existe pas (encore)

Il est donc important de garder en tête que le produit miracle n’existe pas, du moins pas pour le moment, et qu’il ne faut donc pas tout attendre de ces nouveaux accessoires connectés, quels qu’ils soient. D’autant que « ces technologies n’en sont encore qu’à leurs débuts, elles n’ont pas donné tout leur potentiel, rappelle Muriel Alnot ». De plus, il faut être attentif aux prix de ces accessoires. Pour le moment, les technologies les plus performantes restent encore chères, même si cela devrait peu à peu se démocratiser. En attendant, « acquérir un objet high-tech à bas coût n’est pas forcément une bonne idée, car cela risque fort d’être un simple gadget… »

De son côté, Antoine Bouvresse souligne que ces outils peuvent aussi, à l’usage, se révéler inadaptés au comportement d’un animal et « ne pas correspondre du tout à ses besoins ». Le vétérinaire comportementaliste met ainsi en garde contre quelques dérives possibles induites par une mauvaise utilisation de ces accessoires connectés. « Il faut veiller à ne pas trop se reposer sur ce type d’outils. Ne pas se dire que parce que le compteur de tel ou tel accessoire n’est pas passé dans le rouge, cela signifie que tout va bien. Rien ne remplace une bonne observation et une bonne écoute d’un animal par son propriétaire, et rien ne remplace le temps physique passé à ses côtés ».

Les conseils pour bien choisir

« Il est compliqué de s’y retrouver dans ce marché des accessoires connectés », reconnaît la docteur vétérinaire et comportementaliste Muriel Alnot. Pour faire les bons choix, elle recommande de se fier d’abord à son bon sens et de ne pas hésiter à poser ses questions à la marque directement et/ou de se renseigner sur les forums ou des sites de comparateurs de produits spécialisés. Il faut également veiller à ce que son téléphone portable soit suffisamment performant pour faire fonctionner les logiciels qui accompagnent la plupart des accessoires connectés. Enfin, il faut être vigilant au prix. Le tarif annoncé s’accompagne souvent de frais supplémentaires comme des abonnements mensuels, incontournables pour profiter de toutes les fonctionnalités de certains dispositifs (surtout en ce qui concerne les systèmes de balises GPS).

* Enquête de 2016 menée par la Facco/Kantar TNS.

Le Palmarès 2024 des villes où il fait bon vivre avec son chien
Le Palmarès 2024 des villes où il fait bon vivre avec son chien
Le magazine 30 millions d’amis
Le n°1 de la presse animalière

Chaque mois, devenez le meilleur des maîtres et retrouvez tous nos dossiers et conseils d’expert. Découvrez nos offres papier et numériques...

Publié le 19 janvier 2018
8 minutes
Publicité