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Qui sont les tortues marines, fascinantes sentinelles des océans ?

Apparues il y a 110 millions d’années, les tortues marines sont aujourd’hui menacées par les dangers que nous faisons peser sur nos océans. Pour mieux connaître et protéger ces incroyables voyageuses, Robert Calcagno, directeur de l’Institut océanographique de Monaco, publie un ouvrage de référence sur le sujet.

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Qui sont les tortues marines, fascinantes sentinelles des océans ?
Robert Dirscherl-Biosphoto

Animaux-Online : Pourquoi avoir consacré un livre aux tortues marines ?

Robert Calcagno : Le cœur de ma mission est de faire découvrir l’océan afin de sensibiliser le plus grand nombre à la nécessité de sa protection. Pour cela, nous avons déjà travaillé à mieux faire connaître certaines espèces phares et leurs problématiques, comme les requins et les méduses. Toujours dans cette optique, il était primordial de mettre en avant les tortues marines. Ces animaux sont des sentinelles, des baromètres de la santé des océans. Au cours de leur vie et des milliers de kilomètres qu’elles parcourent, les tortues se trouvent confrontées à tous les problèmes que nous faisons peser sur les milieux marins.

Jean-Francois Hellio & Nicolas Van Ingen-Biosphoto-Glénat

A-O : Qu’est-ce qui vous fascine le plus chez ces animaux ?

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R. C. : Justement ces incroyables voyages entrepris par les tortues marines tout au long de leur existence. Il n’est pas exagéré de parler de véritable odyssée. Après être nées sur une plage, les tortues vont parcourir les océans à la recherche de nourriture. Une fois arrivées à maturité, vers une vingtaine d’années, elles reviennent près de leurs plages de naissance pour pondre à leur tour de nouveaux œufs. Cette vie à la croisée des mondes, entre terres et mers, est également très étonnante.

©Institut océanographique

A-O : Peut-on savoir quel est le nombre de tortues marines aujourd’hui dans le monde ?

R. C. : On compte sept espèces différentes de tortues marines, contre 385 espèces de tortues terrestres ou d’eau douce. Toutes les tortues marines sont menacées d’extinction à divers degrés. Nous savons que leur nombre a très significativement diminué, même s’il est difficile d’avoir une vision globale. Nous pouvons faire des estimations en suivant, année après année, l’évolution du nombre de tortues dans certains bassins, ou sur les plages où elles viennent pondre. Mais cela reste limité, ne serait-ce que parce qu’il nous est impossible d’observer la population mâle lors des phases de ponte… Mieux connaître les tortues marines et leur nombre fait justement partie du travail que nous développons aujourd’hui avec les Explorations de Monaco, un programme d’expéditions scientifiques à travers le monde, sur 3 ans.

©Institut océanographique

A-O : Est-ce que l’on trouve des tortues marines sur nos côtes ?

R. C. : Oui, sur les côtes méditerranéennes. La tortue la plus fréquente est la caouanne (Caretta caretta) qui vit et se reproduit en Méditerranée. On retrouve aussi, quelquefois, mais plus rarement, la tortue verte (Chelonia mydas), qui doit son nom à la couleur inhabituelle de sa chair due aux algues dont elle est friande.

©Institut océanographique

A-O : Que fait-on pour protéger ces tortues ?

R. C. : Les sept espèces sont protégées par la CITES : la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Cela signifie que le commerce international et le transport des tortues marines est heureusement interdit, même si 42 pays ont obtenu des autorisations spéciales pour pêcher les tortues dans leurs eaux territoriales, au nom de la continuité de pratiques traditionnelles. On estime ainsi à 42 000 le nombre de tortues capturées chaque année de manière légale. Ce phénomène ne constitue cependant pas la principale menace pesant sur les tortues, confrontées aux problèmes du braconnage, mais également à ce que l’on appelle la pêche par accident : près d’un demi-million de tortues par an se retrouvent emprisonnées dans les filets des chalutiers.

Jeffrey Rotman – Biosphoto

A-O : Quelles sont les autres menaces qui pèsent sur les tortues marines ?

R. C. : La surpêche a également un impact sur la vie des tortues qui se nourrissent des produits de la mer et dont les ressources diminuent. Le trafic lié à la navigation entraîne aussi des bruits qui perturbent les tortues, quand elles ne sont pas directement blessées ou tuées par des accidents avec les bateaux de pêche. Au Musée océanographique de Monaco, nous récupérons souvent des tortues avec une nageoire blessée par une hélice de bateau. À tout cela s’ajoute le problème de la pollution, chimique ou liée aux déchets plastiques régulièrement ingérés par les tortues.

I. Arndt-Minden Pictures-Biosphoto-Glenat

A-O : Quelle est l’action de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier, prince de Monaco, en faveur des tortues marines ?

R. C. : Nous sommes actuellement en pleine construction d’un centre de secours et de présentation des tortues méditerranéennes, dans le prolongement du Musée océanographique de Monaco. Cela va nous permettre d’étendre ce que nous faisons déjà aujourd’hui : recueillir des tortues en détresse pour les soigner puis les relâcher. À l’instar de Rana, une tortue caouanne retrouvée il y a deux ans dans le port de Monaco en hiver, dans une eau beaucoup trop froide pour elle. Aujourd’hui, elle pèse une vingtaine de kilos, et est devenue assez forte pour être relâchée, nous l’espérons, l’été prochain. 

Tortues marines, la Grande Odyssée, de Robert Calcagno. éditions Glénat. 19,99 €.

Rencontre avec des tortues sur la plage : comment se comporter ? 

©Institut océanographique

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Publié le 15 décembre 2017
5 minutes
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